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Surface Book 2, version 15 pouces. Un concept et des performances exceptionnelles. Mais l’hybridité de Windows 10 accuse des limites en mode tablette.

Surface Book 2, version 15 pouces. Un concept et des performances exceptionnelles. Mais l’hybridité de Windows 10 accuse des limites en mode tablette.

Allons directement dans le vif du sujet, le nouvel opus, produit hybride de Microsoft, le Surface Book 2, version 15 pouces est un incroyable produit à la fois ordinateur tactile et tablette qui ne fait aucune concession quant à la puissance qu’il produit, le confort qu’il assure et la robustesse qu’il dégage. Microsoft fait, une fois de plus, la démonstration qu’il est ou peut devenir un acteur majeur des solutions matérielles Windows dans un marché ultra concurrentiel avec des écarts de tarifs impressionnants, difficiles à décrypter pour les comprendre. La démarche de Microsoft pour la partie hardware est simple: mettre à disposition des utilisateurs le meilleurs de la technologie. Quant aux tarifs du Surface Book 2, ils sont logiquement élevés, certains diront « salés », pour reprendre une expression triviale, mais ils sont en relatives cohérences compte tenu du niveau des prestations du Surface Book 2.

Voilà pour l’introduction, pour le reste, ce sera comme d’habitude, depuis que Microsoft et Apple existent. Il y a le clan Microsoft d’un côté et de l’autre, le clan Apple… Au milieu de ces deux antagonistes, il y a le monde de l’entreprise acquise, dans l’ensemble, à la sphère Windows, pour des raisons complexes, historiques, techniques et de la culture informatique d’entreprise imposée qui date des années quatre-vingt, une époque ou l’obsession, des directeurs informatiques, était d’établir la parfaite cohérence entre les postes clients et le sacro-saint serveur AS/400 IBM… Toute une époque; ceci expliquant cela!

Pour offrir une représentation plus imagée de ces acteurs majeurs de l’informatique, je dirai que la firme Apple règne en maître dans le monde du design, de l’interface, de l’ergonomie et des fonctionnalités offertes par la technologie. Quant à la société Microsoft, elle règne sur le monde de la raison, de la gestion et du raisonnement informatique.

Mais depuis quelques années, les choses semblent prendre de bonnes directions obliques pour Microsoft qui, enfin, comprend la stratégie du design avec une puissance technologique agrémenté d’un bon discours marketing… Pour toutes ces raisons, Microsoft propose sur le marché des produits étudiés, segmentés, avec la puissance nécessaire selon les cibles marketing. C’est ainsi que sont apparus le Surface Pro 4, le Surface Book 2 et le Surface Studio. Des produits qui répondent aux mêmes segments de marché que la marque Apple…

Le nouveau Surface Book 2 offre jusqu'à 17 heures d'autonomie et des performances graphiques les plus puissantes sur un ordinateur portable

Fiche technique.

Je commence simplement par une fiche technique simplifiée afin de mieux situer et comprendre le Surface Book 2. Microsoft a intégré les meilleurs composants technologiques du moment en adéquation pour un portable hybride avec l’ambition d’être le meilleur. Comme une bonne recette de cuisine, on prend le meilleur.

Composants techniques.

  • Processeurs Intel de la 8e génération, Intel Core i7-8650U (4.2GHz Max Turbo).
  • 16GB de RAM.
  • Carte graphique GeForce NVIDIA GTX 1060 (6GB GDDR5 graphics memory).

    Encombrement, autonomie.

  • Jusqu’à 17 heures d’autonomie, ou 5 heures en mode tablette.
  • 2 manières d’utiliser la tablette:
    • Écran isolé.
    • Écran inversé et solidaire du clavier pour obtenir toute la puissance graphique et le maximum d’autonomie).
  • Poids de 1905g, et 817g en version tablette.
  • Dimensions 343mm x 251mm x 15mm–23mm.

    Connectique.

  • 1port USB Type-C avec vidéo, capacité d’alimentation, et 2 ports USB 3.1.
  • Lecture de cartes Full-size SDXC (UHS-II).
  • Prise jack (3.5mm) situé sur le côté de l’écran.
  • 2x Surface Connect ports (connexion électrique) (1 sur l’écran, 1 au niveau du clavier).

    Accessoires.

  • Surface Pen doté de 4096 niveaux de pression et d’une prise en compte de l’inclinaison, permettant de prendre des notes tout en ayant la sensation d’écrire sur du papier.
  • Surface Dial compatible avec l’écran du Surface Book 2 pour le transformer instantanément en studio de création portable.

Microsoft propose le Surface Book 2 en trois capacités de stockages SSD: 256 Go, 512 Go et 1 To. Vous aurez remarqué que Microsoft a fait curieusement l’impasse sur la technologie Thunderbolt 3 et du port Ethernet.

Présentation du Surface Book 2 par Quentin Hilbert, Chef de produit Surface.

Impression globale.

Il est complexe, voire impossible, en quelques jours, de faire une évaluation profonde et objective d’un tel produit hybride avec de multiples usages qui touchent quasiment tous les domaines d’activités.

Magnésium et dissipation thermique.

Le Surface Book 2 offre une impression rassurante autant sur la partie ordinateur que la partie tablette. Tout est mis en oeuvre pour délivrer puissance et robustesse. Cette robustesse se traduit par un poids frôlant les 2 kg sans que l’aspect volume soit envahissant. Le choix du magnésium pour le châssis apporte de nombreux avantages comme la maitrise de la dissipation thermique et du choix des composants technologiques performants sans la crainte de la surchauffe de l’ordinateur quand celui-ci est fortement sollicité. C’est une des différences à mettre en relief face aux produits Apple où la dictature du design l’emporte sur les performances

Clavier/Trackpad.

Très beau clavier, pratiquent à l’usage et une conception qui offre l’endurance et la solidité, quel que soit le type de frappe ou d’environnement pour lequel l’ordinateur sera exposé. Le clavier est de type chiclet avec une course de frappe d’environ 1.5mm. Un clavier nettement plus agréable (confort identique au clavier mécanique) et plus robuste que celui qui équipe les MacBook Pro Retina d’Apple. Le défaut que j’ai trouvé à ce clavier est son rétroéclairage peu performant. À ce défaut de rétroéclairage, s’ajoute une couleur aluminium du clavier qui rend peu lisibles les lettres. La solution est de couper l’éclairage des touches. Sur cet aspect, Apple fait preuve d’un savoir-faire inégalé à ce jour.

Tablette.

La procédure pour détacher l’écran du clavier est simple. Il suffit d’appuyer sur une touche dédiée qui validera ou non la procédure. Le procédé est simple, fiable et solide.

La procédure pour passer en mode tablette n’est pas validée si des applications comme Capture One Pro ou Lightroom sont toujours actives. Cela démontre les limites de l’hybridité et d’un système qui doit encore nettement évoluer sur la partie tablette.

Microsoft a réfléchi aux usages intensifs entre le mode tablette et ordinateur. Les charnières sont à elles seules un chef-d’oeuvre de conception industriel, elles supportent tous les types de manipulation.

En mode tablette, son principe d’utilisation ressemble, dans l’ensemble, à toutes les tablettes en dehors de certains principes qui sont liés au système d’exploitation.

L’usage est fluide et cohérent avec ou sans l’utilisation du Surface Pen doté de 4096 niveaux de pression. Néanmoins, et ce malgré l’évident ressenti de fluidité, il est moins fluide que celui de l’iPad Pro 12. Encore une fois, c’est la conception du système hybride qui en est la cause.

Il est possible d’avoir un mode tablette avec toute la puissance et l’autonomie du Surface Book 2 avec une position inversée de l’écran. Dans cet assemblage le mode tablette s’utilise de manière verticale ou à plat.

Surface Dial.

Le Surface Dial est un dispositif matériel, circulaire et rotatif, de type Bluetooth, que vous placez sur l’écran pour interagir avec l’application active. Vous accédez à des fonctions d’une manière intuitive et ergonomique. Un concept qui prend un sens particulier dans le processus de création. Si la partie matérielle et les principes globaux sont séduisants, cette nouvelle expérience utilisateur est pour le moins frustrant sur des applications comme Lightroom ou les fonctions proposées sont si basiques qu’elles n’offrent aucun intérêt. Il est urgent que l’éditeur Adobe propose des mises à jour de ses produits pour les rendre compatibles avec le Surface Dial. Même, si pour beaucoup Adobe est la clé de voute des applications de créations, ils existent d’autres applications plus modernes, plus accessibles et adaptées au Surface Dial. Je pense à Affinity Designer ou Affinity Photo (deux applications dont j’aurai l’occasion d’en reparler avec le Surface Studio).

Démonstration du potentiel et l'usage de Surface Dial. Il est peut-être utilisé sur l'écran ou à proximité du Surface Book 2.

Surface Book 2 et la postproduction photographique

J’avais un temps insuffisant pour me réadapter aux principes ergonomiques de Windows 10, me sentir parfaitement à l’aise dans des applications que j’utilise quotidiennement dans l’environnement Apple: Capture One Pro, Lightroom Classic CC et Lightroom CC. Mais ce qui a été violent et cinglant c’est l’impression de réactivité de ces applications sur le Surface Book 2… Ce qui me laisse un gout particulièrement amer des 4500€ placer dans le MacBook Pro Retina 15 late 2016.

Pour la validation d’un simple effet de redimensionnement d’image dans Capture One Pro, c’est du temps réel sur le Surface Book 2 et deux à trois secondes sur le MacBook Pro Retina 15. La perception des couleurs et les contrastes sont aussi justes et profonds sur MacBook Pro Retina 15 ou Surface Book 2, avec, peut-être, un avantage pour la luminosité pour ce dernier.

En revanche, une énorme déception de l’usage de Lightroom CC en mode tablette. L’application, en mode tablette, comporte la même interface, la même ergonomie que le mode ordinateur. L’usage ne présente donc aucun intérêt. Lightroom en mode tablette est presque indigeste avec les désagréments et frustrations qu’il en résulte.

Nous sommes loin du confort d’utilisation de Lightroom CC sur un iPad. Cela met, une fois de plus, en exergue toutes les limitations du système Windows 10 sur la partie tablette. Cet aspect est peut-être, pour quelques futurs acquéreurs, un argument rédhibitoire pour faire le pas vers le Surface Book 2.

Tarifs.

Microsoft propose trois configurations premium qui reposent sur la même base technologique: processeur Core i7, 16Go de RAM, carte graphique GeForce NVIDIA GTX 1060. Ce sont les capacités de stockages SSD qui changent sur les trois offres. 2799€ pour 512 Go de SSD jusqu’à 3799€ pour la configuration 1To. Malheureusement, il n’existe pas d’offre en capacité de 2To et pas de technologie Thunderbolt 3 qui lui interdit à l’accès à des périphériques de stockage comme le LaCie 2big Dock Thunderbolt 3 ou l’écran LG UltraFine 5K.

  • Core i7-8650U (avec 4.2GHz Max Turbo), 16Gb RAM, GeForce NVIDIA GTX 1060 et 256GB SSD. Tarif: 2799€ TTC.
  • Core i7-8650U (avec 4.2GHz Max Turbo), 16Gb RAM, GeForce NVIDIA GTX 1060 et 512GB SSD. Tarif: 3299€ TTC.
  • Core i7-8650U (avec 4.2GHz Max Turbo), 16Gb RAM, GeForce NVIDIA GTX 1060 et 1TB SSD. Tarif: 3799€ TTC

Une base tarifaire à relativiser face aux produits concurrents PC possédant les mêmes prestations qualitatives de fabrication et de composants.

Toujours par rapport au tarif, Le Surface Book 2 est plus intéressant que le MacBook Pro Retina de 15, dont les composants seront moins performants (sauf le SSD) et de la génération précédente. 3999€ pour le MacBook Pro Retina auquel il faut ajouter un iPad 12 pouces de 512 Go à 1299€ pour parfaire la comparaison. Soit un total de 5298€ pour les deux produits Apple (portable + tablette) contre 3799€ pour le Surface Book 2, version 15 pouces.

Une comparaison indispensable qu’il convient de relativiser face à la partie ergonomie et des trois systèmes d’exploitation. D’un côté, Windows 10, le système hybride de Microsoft pour tablette et ordinateur et de l’autre les deux systèmes d’exploitation Apple: iOS et macOS. À l’usage, les deux systèmes d’exploitation Apple a une fonction, comme le mode « Continuité » qui lie ces deux systèmes dans leurs usages. Fonction, malheureusement trop méconnue !

Ce que j’en pense.

Il y a plusieurs manières d’apporter un jugement évaluatif sur le Surface Book 2: d’un point de vue technique, tarifaire et usage. Si je m’en tiens, stricto sensu, aux prestations techniques, à la conception du produit et de sa qualité de fabrication, l’hybride de Microsoft fait quasiment un sans-faute mis à part l’absence de la technologie Thunderbolt 3. Ensuite, sous l’angle tarifaire tout en considérant que le Surface Book 2 fait à la fois office de tablette et d’ordinateur portable en offrant, il ne faut pas en douter, le Surface Book 2 fait, quasiment, un sans-faute.

Mais les choses ne sont pas si simples dans le processus d’évaluation d’un produit . Si la technologie, les qualités de conception et le tarif sont des éléments majeurs dans l’appréciation finale. En sachant qu’ils sont tous favorables, il en est un des plus subjectifs et, peut-être, des plus décisifs: c’est l’expérience utilisateur du Surface Book 2.

Dans la critique de l’usage, on est forcément envahi de subjectivité et de comparaisons. Je pourrais disserter durant des pages sur les différents types d’interfaces identitaires à chaque système d’exploitation de leurs principes ergonomiques relativement proches d’un système à l’autre. Pour raisons professionnelles je suis lié avec Apple depuis ses débuts. Si mon ADN informatique est Apple, je ne suis pas un fanboy aveuglé, je suis conscient des faiblesses et des forces de la marque Apple.

Ces petites confidences faites, tous les principes fondateurs et concepts du Surface Book 2 m’ont agréablement surpris et dans l’ensemble conquis. La qualité de fabrication est omniprésente, que ce soit l’écran, le Trackpad, le clavier. Le portable est étonnant de puissance dans un design séduisant pour un volume et des dimensions adaptés. Sur cet aspect, le Surface Book 2 offre une belle leçon de savoir-faire à son rival, le MacBook Pro Retina d’Apple, sous l’emprise de la dictature du design.

Le jugement devient plus nuancé sur la partie tablette et de son usage. Non pour des raisons de fond, mais de forme. Car le principe est génial, un mode tablette totalement libéré de son clavier ou au contraire solidaire en position inversée et on additionne une autonomie superlative de 17 heures et la puissance de la carte graphique intelligemment placée dans le clavier. Une belle touche imaginative sur le concept. En fait, l’insatisfaction provient du système Windows 10 qui gère la tablette et plus précisément le mode hybride de Windows 10, à la fois système d’exploitation sur la partie tablette et la partie desktop. De mon point de vue, mais aussi par expérience (j’ai suivi des cours sur les principes fondateurs du couple interface/Ergonomie aux Arts & Métiers) je perçois une frustration quant à l’usage des applications et de la fluidité globale par rapport à iOS. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Apple se refuse à développer un système hybride.

L’idéal serait un système d’exploitation contextuel selon l’usage. Pour être plus explicite, vous imaginez un Surface Book 2 qui serait iOS en mode tablette et macOS en mode ordinateur. Les applications adapteraient leurs fonctions, leurs interfaces et leurs ergonomies selon le mode tablette ou ordinateur.

Indications.

Le conseil, quant à l’acquisition du Surface Book 2 est contextuel selon l’utilisateur, ses aspirations, ses usages et ses obligations.

  • À 100% favorable, si vous êtes utilisateurs Windows exigeants, pour des raisons logicielles ou personnelles en quête d’une solution matérielle globale tablette/portable, puissante, pratique, ergonomique. Le Surface Book 2 est ce qu’il y a de mieux sur le marché.
  • À 100% si vous n’avez pas un affect particulier pour l’outil informatique. Si vous avez besoin d’un outil de travail tablette/portable qui répond aux besoins de votre activité professionnelle au sein de votre entreprise.
  • À 100% si vous saturez de l’univers Apple par une dictature du design trop présente au détriment des performances et de tarifs toujours plus élevés. Alors le Surface Book est à envisager pour de nombreux domaines comme la photographie, la vidéo, la modélisation… Mais il faudra faire des concessions sur certaines applications inexistantes dans l’environnement Windows; et à considérer de nouveaux principes ergonomiques.

Le Surface Book 2 possède indéniablement un trait de génie, mais imparfait par un système d’exploitation corseté sur des principes fonctionnels et ergonomiques qui ne sont plus d’actualités. Certes, de nombreuses améliorations ont été apportées avec Windows 10… mais je suis confiant pour la suite et le Surface Book 2 qui est un superbe produit.

Informations complémentaires sur le site de Microsoft ou directement à l’adresse du Surface Book 2.

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©Thierry Lothon 2018

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