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Le transhumanisme, la dernière étape avant le posthumanisme #ElleEstPasBelleLaVie !!

Le transhumanisme, la dernière étape avant le posthumanisme #ElleEstPasBelleLaVie !!

Depuis la nuit des temps, l’Homme cherche à repousser l’échéance de la mort et de la maladie… Sa faculté à réaliser des gestes de précision entre le pouce et l’index a contribué au développement de son cerveau et à de multiples fonctions cognitives. Au fil des siècles, ses processus d’acquisition se sont magistralement développés… La révolution industrielle, puis la révolution numérique ont propulsé l’Homme dans une dimension de pensée qui le pousse à dépasser inéluctablement le stade de la réparation pour celui de la transformation et, peut-être le plus inquiétant: celui du choix … Moins souffrir, moins vieillir, moins mourir.

Ainsi est né aux États-Unis, dans les années cinquante, le transhumanisme au sein des milieux geeks, technologiques et scientifiques. Ce mouvement a été vite rejoint par d’autres milieux comme celui des penseurs et des futurologues dont les plus connus à l’époque étaient Max More et Julian Huxley (théoricien de l’eugénisme).

Pour l’anecdote, Julian Huxley (frère d’Aldous Huxley auteur du livre: « Le Meilleur des mondes » ) fut le premier à avoir utilisé le mot transhumanisme.

Cela fait quelques années que je m’intéresse au mouvement transhumanisme, ou plus exactement à son idéologie, à travers des conférences et des ouvrages traitant de ce sujet. Cela a débuté dans les années soixante-dix, je suivais des cours de philosophie à l’université de Vincennes (aujourd’hui Université Paris-VIII) comme auditeur libre. Un généticien nous avait fait un exposé sur les potentialités scientifiques de la manipulation génétique et du questionnement sociétal et philosophique que cela entrainerait… Aujourd’hui, je viens de terminer un livre, absolument passionnant, de Béatrice Jousset-Couturier sur le transhumanisme, préfacé par Luc Ferry, aux éditions Eyrolles.

Béatrice Jousset-Couturier // Luc Ferry - Le transhumanisme - Faut-il avoir peur de l'avenir ? // Éditions Eyrolles

Le mouvement transhumanisme et son idéologie ne concernent, malheureusement, qu’une élite de la population. Il prône une approche néolibérale qui va de l’économie à la génétique humaine. Le grand public, les états, les politiques, les gouvernants ne semblent pas y prêter une attention particulière, ils sont totalement absents du débat par méconnaissance du sujet et de ses enjeux.

En revanche, depuis le début du XXI siècle, il y a une explosion d’intérêt au sein des milieux scientifiques, technologiques et de grandes entreprises privées. Google fait partie de ces grandes entreprises qui investissent des milliards de dollars dans le transhumanisme. Mais la face cachée de ces explorations scientifiques est infiniment plus inquiétante. Une technologie qui ignore la moindre question existentielle que cela suscite. Un transhumanisme débridé de toute considération éthique et déontologique. Un domaine où il n’existe aucune législation qui fixe les règles du transhumanisme!

Le transhumanisme #Approche

Pour faire simple, si vous portez une paire de lunettes, vous êtes un transhumain. C’est dans le propre de la nature humaine que de chercher à s’améliorer. En revanche, l’idéologie transhumaniste veut utiliser tous les moyens technologiques dont ils disposent pour transformer l’homme jusqu’à son niveau atomique. L’usage desNBIC ( Nanotechnologies, biotechnologies, informatiques et sciences cognitives) est particulièrement inquiétant, car il débouche sur une forme d’eugénisme où le hasard de la génétique n’existera plus pour faire place au choix… Les transhumanistes s’en défendent, ils disent prôner une forme d’eugénisme humanitaire et moral… Bienvenue dans le posthumanisme !

Rencontre avec le philosophe Jean-Michel Besnier. Il nous explique ce qu'est le Transhumanisme. Document France 24

Le transhumanisme est un mouvement philosophique et scientifique qui veut utiliser tous les moyens mis à la disposition de l’homme par la technologie, pour améliorer l’espèce humaine, augmenter ses capacités de perception, de cognition, de réflexion, de performance, et en finalité faire naître le posthumanisme.
— Béatrice Jousset-Couturier

Le transhumanisme #Historique.

Comme je l’écrivais en introduction, le transhumanisme est un mouvement américain né en 1957 au sein des milieux geeks, technologiques et scientifiques. Le futurologue Max More et le théoricien de l’eugénisme Julian Huxley sont les précurseurs du mouvement idéologique du transhumanisme.

  • Julian Sorell Huxley (1887-1975) est un biologiste britannique, théoricien de l’eugénisme. Il a été le premier directeur de l’UNESCO et a fondé le WWF. »
  • Aldous Leonard Huxley (1894-1963) auteur du célèbre roman: « Le Meilleur des mondes. »

Le transhumanisme est véritablement né en 1990, il a pris un essor planétaire en 1998 avec l’association: The World Transhumanist Association (WTA) avec son leader David Pearce. Ce mouvement a pu prendre son essor grâce à l’appui du milieu technologique. Dix ans plus tard, le transhumanisme a pris sa forme actuelle avec la structure Humanity+ présidée par Natasha Vita-More aux États Unis. Humanity+ est un véritable lobby dont le coeur de cette représentation est représenté par Google qui cristallise ce courant de pensée.

« Je n’ai pas envie de jouer à Dieu, j’ai juste envie de jouer… »
— Natasha Vita-More

Déclaration du transhumanisme - 1999

Derrière cette charte, où aucune réflexion philosophique ou un questionnement existentiel, se définit une idéologie radicale de l’avenir de notre humanité. Un plan ou la technologie prendra le relais sur le caractère humain de notre vie. Des règles qui nous font légitimement penser au mouvement eugénisme durant la seconde guerre mondiale dans l’Allemagne hitlérienne, mais aussi dans certains états américains jusqu’à la fin des années 40.

  1. L’avenir de l’humanité va être radicalement transformé par la technologie. Nous envisageons la possibilité que l’être humain puisse subir des modifications, tel que son rajeunissement, l’accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique, l’abolition de la souffrance et l’exploration de l’univers.
  2. On devrait mener des recherches méthodiques pour comprendre ces futurs changements ainsi que leurs conséquences à long terme.
  3. Les transhumanistes croient que, en étant généralement ouverts à l’égard des nouvelles technologies, et en les adoptant nous favoriserions leur utilisation à bon escient au lieu d’essayer de les interdire.
  4. Les transhumanistes prônent le droit moral de ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.
  5. Pour planifier l’avenir, il est impératif de tenir compte de l’éventualité de ces progrès spectaculaires en matière de technologie. Il serait catastrophique que ces avantages potentiels ne se matérialisent pas à cause de la technophobie ou de prohibitions inutiles. Par ailleurs il serait tout aussi tragique que la vie intelligente disparaisse à la suite d’une catastrophe ou d’une guerre faisant appel à des technologies de pointe.
  6. Nous devons créer des forums où les gens pourront débattre en toute rationalité de ce qui devrait être fait ainsi que d’un ordre social où l’on puisse mettre en œuvre des décisions responsables.
  7. Le transhumanisme englobe de nombreux principes de l’humanisme moderne et prône le bien-être de tout ce qui éprouve des sentiments qu’ils proviennent d’un cerveau humain, artificiel, posthumain ou animal. Le transhumanisme n’appuie aucun politicien, parti ou programme politique.

Ray Kurzweil (Google), le pape du transhumanisme.

Google n’est pas qu’un simple moteur de recherche, c’est surtout beaucoup de sociétés technologiques, scientifiques hyperspécialisées dans de nombreux domaines qui regroupent des startups. Ray Kurzweil est à la tête de la recherche de Google et de ses développements. Il est aussi, en quelque sorte, le pape du transhumanisme américain.

D’autres pays sont particulièrement actifs et impliqués comme la Corée du Sud et la chine. La Chine est particulièrement agressive face à Google avec son moteur de recherche Baidu… La Chine qui n’hésite pas à dépenser des milliards de dollars pour concurrencer le géant américain qui lui-même démultiplie ses investissements pour maintenir son leadership.

Le choix du transhumanisme implique la fin de la sélection darwinienne et de ses nombreuses implications. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire place au choix plutôt que le hasard ? Homo Sapiens 2.0, pourrait bien devenir la première espèce « libre », au sens où il échapperait aux incertitudes de la sélection naturelle.

« L’intelligence artificielle sera le salut de l’homme »
— Ray Kurzweil

Multiplicité des courants transhumanistes.

Ce qui surprend quand on aborde le transhumanisme, c’est la multiplicité des courants, dont deux qui sont majeurs: les extropiens (l’Extropianisme) et les singularitariens (le Singularitarianisme) Trois mouvements:

  • Les bios conservateurs : ils regroupent tous les mouvements qui sont contre le transhumanisme.
  • Les technos progressistes : ils regroupent une partie des extropiens (premier mouvement créé par Max More qui a été le leader mondial du mouvement transhumain. Mais après quelques dissidences internes, Humanity+ est né en 2008). Ils représentent la partie modérée du mouvement transhumanisme.
  • Les singularitariens: c’est le mouvement le plus extrémiste du transhumanisme défendu par Ray Kurzweil

Mouvement Humanity+

En l'an 2000, le transhumanisme a pris sa forme actuelle avec la structure Humanity+ présidée par Natasha Vita-More aux États Unis. Humanity+ est un véritable lobby dont le coeur de cette représentation est représenté par Google

Une accélération des découvertes depuis 2015.

Depuis 2015, le mouvement transhumanisme s’accélère au rythme des découvertes quasi quotidiennes. La puissance combinée des ordinateurs, de l’internet et de l’analyse pertinente des mégadonnées (big data) semble avoir ouvert une boite de pandore. Certains scientifiques pensent qu’il est possible, à terme, de refaire l’homme atome après atome. Parti Friedman est le premier à émettre cette idée, de là est né la révolution NBIC ( Nanotechnologies, biotechnologies, informatiques et sciences cognitives).

La révolution NBIC ouvre la possibilité d’intervenir au niveau atomique de la cellule humaine et d’y modifier certains aspects biologiques comme l’ADN et de tous les aspects cognitifs de l’homme. Nous dépassons le cadre de la transformation pour celui du choix, autrement dit: l’eugénisme!

Toutes les sociétés californiennes qui travaillent sur le transhumanisme s’emploient activement à faire des recherches sur les NBIC. Tout cela est rendu possible par la puissance informatique qui active les recherches dans le génie génétique qui vont à leurs tours impliquées d’autres découvertes dans les secteurs complémentaires. On parle de convergence où se trouve Google qui possède la technologie, la finance, les penseurs du transhumanisme et l’adhésion de tous les utilisateurs du moteur de recherche Google qui alimentent, sans le savoir, une immense base de données.


Le transhumanisme, une idéologie inéluctable.

Ce que je trouve inquiétant, voire effroyable, est que le politique n’a aucune compétence et encore moins de réflexion sur ce sujet ô combien majeur où les sociétés qui travaillent sur les NBIC sont en pleines mutations ! Des sociétés qui ont créé un bio-pouvoir. Pas une seule entreprise publique ne participe aux recherches sur le transhumanisme, encore moins de fonds publics; tous les financements sont privés. On peut saluer la clairvoyance de Barak Obama qui a ouvert une commission, avec un débat public, sur tous les problèmes que pourrait poser une intelligence artificielle dite forte.

Le danger, à terme, est de voir une intelligence artificielle appelée forte avec une conscience et des émotions qui la différencie d’une intelligence artificielle dite faible.

Une pétition a été signée en juillet 2015 par trois éminentes personnalités du mouvement transhumaniste : Bill Gates, Stephen Hawking, Elon Musk pour arrêter le développement des drones tueurs. Cela démontre, positivement, le développement d’une conscience, au sein du mouvement transhumaniste, des dangers d’aller trop loin.

Les religions monothéistes sont, vous l’aurez deviné, hostiles à ce mouvement, puisque l’Homme est créé à l’image de Dieu.

Avec un certain sens de l’humour, vous observerez que transhumains et religieux ont en commun le désir de combattre la mort, la condition humaine et de guérir les souffrances. À une différence prés: pour les transhumanistes c’est ici et maintenant; pour les religieux, cela passe par Dieu !

Si je suis d’un naturel optimiste dans la vie, je suis pour le moins dubitatif quant à un avenir radieux de nos sociétés et plus globalement de notre civilisation… Qui souhaite vieillir, qui souhaite la maladie, qui ne souhaite pas vivre encore plus longtemps en jouissant physiquement et intellectuellement de la vie, qui ne souhaite pas élargir le champ de ses savoirs et de ses capacités intellectuelles… PERSONNE!

Le mouvement et l’idéologie transhumaniste répondent à toutes les angoisses existentielles de la vie… moins vieillir, moins souffrir, moins mourir et un jour viendra celui du choix absolu. Le transhumanisme prône, à terme, l’idée du choix pour en finir avec le hasard de la génétique.

À ce jour, les sciences de la médecine sont au stade de la réparation et aux prémices de la transformation. À moyen terme, la pratique maitrisée des NBIC combinés avec l’intelligence artificielle dite forte, l’Homme Homo erectus sera un vague souvenir de l’humanité. Pour le moment, on ne parle pas d’éternité, mais de report de la mort.

Pourquoi avoir un enfant du hasard si la science nous offre le choix ?

Aujourd’hui, le choix des embryons est délicat, car il se limite à cinq ou six sans la possibilité d’un choix génétique sur un nombre aussi restreint. En revanche, des chercheurs japonais ont publié dans la revue Natures des travaux sur la souris. Ils ont prélevé sur la queue de la souris des cellules qu’ils ont transformées en gamètes, ovules ou spermatozoïdes avec lesquels ils ont pu faire des fécondations et ainsi définir des choix génétiques. Ce choix de vie ouvre la Boîte de Pandore à une forme d’eugénisme hyper-individuel. Une idée largement partagée par James Hughes

« Si vous sélectionnez, sur catalogue, la plupart des gènes de votre enfant, cette sélection renforcerait probablement l’importance de vos liens parentaux et sociaux avec vos enfants. » - James Hughes Je vous recommande un article, de la « > Cité des Sciences et l’Industrie> » traitant des différents aspects de la recherche sur les embryons: « > Recherche sur l’embryon : de la dérogation à l’autorisation> »

Sur la scène du Théâtre de l'Odéon, Etienne Klein invite le biologiste Jacques Testart et le philosophe Jean-Michel Besnier.

Je vais brutalement arrêter l’article que j’ai largement amputé d’un grand nombre de pages. Le sujet est aussi passionnant qu’il est angoissant. Difficile de ne pas tomber dans une forme de paranoïa intellectuelle avec de multiples questionnements visant d’innombrables domaines et malheureusement peu de réponses. Le sujet n’est pas tabou, mais les entreprises qui entreprennent des recherches sur le transhumanisme sont opaques et communiquent très peu ou du moins d’une manière parfaitement maîtrisée avec beaucoup de lobbyistes auprès des penseurs, des scientifiques, des universités et bien d’autres.

Pour ne pas déroger à mon habituelle provocation… Soyez vigilants de l’usage des objets connectés. Vous participez, peut-être, sans le savoir, aux mégadonnées (Big data) qui servira un jour à l’idéologie du mouvement transhumanisme ? Ce jour-là, il sera trop tard !

ElleEstPasBelleLaVie !!

Un silence troublé // Saint-Philibert, Morbihan, Bretagne, 2015 © Thierry Lothon // Sony RX1R

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