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Fuji X-Pro2… Une référence photographique. Le capteur n’est pas un plein format, et alors!

Fuji X-Pro2… Une référence photographique. Le capteur n’est pas un plein format, et alors!

J’ai une affection pour la firme japonaise Fujifilm pour des raisons qui se confondent dans l’objectivité et la subjectivité. 2011, c’est l’année du Fuji X-100; un produit mythique dès sa sortie. Bien qu’imparfait, le Fuji X-100 se présente comme le précurseur de produits ambitieux dans le respect de la tradition de l’art photographique et novateur sur l’usage réfléchi des technologies numériques. La suite vous la connaissez, des produits plus aboutis comme le Fuji X-100S, X-100T, X-T1, X-Pro1… qui répondent à différents types d’images et de photographes. Fujifilm ne révolutionne pas la photographie, il l’honore!

Début de l’année 2016, le Fuji X-Pro2 succède au X-Pro1. Comme la première version, le Fuji X-Pro2 est un boitier particulier par sa forme, sa manière de l'utiliser et ses exceptionnels résultats photographiques. Un boitier simple et complexe à la fois. Le Fuji X-Pro2 réclame un apprentissage en profondeur pour celles ou ceux qui souhaitent exploiter tout son potentiel technique et photographique. Mon expérience du Fuji X-Pro1 s'était soldée par un violent échec sur le plan de la compréhension des réglages et de ses lacunes fonctionnelles, notamment au niveau de l'autofocus particulièrement anémique ou de l'impossibilité d'un réglage dioptrique. Je reconnaissais, toutefois, au Fuji X-Pro1, une exceptionnelle qualité d'image dans le domaine du reportage au sens le plus large. Ma conclusion de l’époque était d’écrire que le Fuji X-Pro 1 ressemblait à un boitier « concept ».

Crédit image : ©Jonas Rask

Aujourd'hui, le Fuji X-Pro2 est un boitier mûr qui fait oublier tous les reproches, ou presque, de la première version. Le Fuji X-Pro2 est un boitier qui fait débat tant sur le fond que sur la forme. Comme je l’expliquerai en conclusion, le Fuji X-Pro2 n’a pas pour vocation d’être un boitier à usage universel, mais il fera merveille dans la photo de proximité (ethnologie, portrait, photographie de rue, reportage, close-up, etc.). Le jugement que je livre dans cet article est intimement lié aux types d'images que je réalise et de ma sensibilité culturelle de la photographie.

Un défi personnel!

L’article que je publie sur le Fuji X-Pro2 arrive quelques mois après sa sortie, depuis ce jour, il existe un nombre impressionnant de papiers autour de ce boitier… Comme je l’écris régulièrement, je ne vais pas refaire la roue, je vous à la fin de ce billet quelques liens de lectures utiles. Je vous livre un avis subjectif fondé sur ma pratique de la photographie.

Mon exploration photographique va du conceptuel aux personnages, le paysage, le close-up ou l'architecture. J'essaye de raconter des histoires ou d'exprimer des sentiments.
J’utilise un boitier plein format pour gérer au mieux la dynamique entre les hautes et basses lumières, mais aussi le flou d’arrière-plan plus expressif aux grandes ouvertures. Je travaille uniquement avec des optiques fixes qui obligent une plus grande rigueur dans la composition. Le développement numérique sous Capture One Pro est le prolongement logique et incontournable de la prise de vue. Ainsi, le Fuji X-Pro2 se présentait comme un défi très excitant. Un capteur au format APS-C qui me remet en cause sur la partie technique. Quant à la technologie X-Trans, je savais à l’avance les difficultés que j’allais rencontrer avec Capture One Pro. L’idéal serait faire l’usage de l’application Irridient . En revanche, j’étais serein du sérieux et des qualités du X-Pro2 et des optiques Fujinon.

Crédit image : ©Jonas Rask

Un boitier rassurant!

Certes, ce sont bien les qualités techniques, créatrices, artistiques et culturelles du photographe qui font l’image. Néanmoins, je reste convaincu que le ressenti, même subjectif, de la prise en main d’un boitier photographique n’est pas totalement étranger au résultat final. Une étrange et curieuse alchimie comme le peintre avec ses pinceaux. Le Fuji X-Pro2 n’échappe pas à cet étrange ressenti. Le boitier est à la fois présent et discret. Présent dans la prise en main, par ses formes, son poids et ses proportions. Discret, il n’est pas agressif au regard et rassurera un peu plus la personne prise en photo dans la rue.

Un apprentissage complexe!

Comme je le soulignais en introduction, le Fuji X-Pro2 est boitier particulièrement complexe au niveau de ses multiples réglages. Les ingénieurs de Fujifilm ont péché dans l’excès de fonctionnalités numériques. Cet excès numérique va à l’encontre de l’aspect physique du boitier qui respire un esprit minimaliste et efficient. Bref, une contradiction qu’il faut combattre en appréhendant calmement la philosophie du boitier et de ses ressources numériques. Je ne vous cache pas que cette immersion m’a pris au minimum 15 jours pour juste commercer à comprendre.

Crédit image : ©Jonas Rask. Les photos du boitier X-Pro2 mettent en évidence la recherche de l’efficacité dans la simplicité. Un aspect minimaliste qui ouvre le regard sur la création et la composition de l’image… 

La difficulté est d’arriver à comprendre presque parfaitement l’ensemble fonctionnel du boitier pour l’adapter à votre besoin photographique… Juste un exemple tout simple, j’ai cherché pendant des heures comment régler la mesure de la lumière… c’est normal, la mesure de la lumière chez Fujifilm se nomme photométrie…un excès sémantique !

Une prise en main agréable.

la disposition des boutons de fonctions est placée de manière cohérente. L'ensemble est personnalisable pour répondre aux habitudes personnelles de chacun. Je n'ai pas été choqué, contrairement à d'autres, du réglage manuel des ISO situé sur le dessus de l'appareil.
Ce qui apparaît comme la grande nouveauté ergonomique de ce boîtier, tel que je l'ai ressenti, est l'apparition d'un joystick qui déplacera le collimateur de l'AF. Ce qui peut déterminer le choix d'un X-Pro2 sur un X-T2 est le viseur multi-hybride avancé en combinant les avantages de l’OVF (visée optique) et de l’EVF (visée électronique)… OVF et EVF avec trois options d’affichage. Le Fuji X-Pro offre un mode ERF qui s’apparente plus ou moins au mode télémètre d’un Leica M, sauf que dans le cas présent c’est une visée télémétrique électronique qui affiche en même temps une petite fenêtre EVF dans la visée optique. Les ingénieurs de Fuji ont corrigé l’oubli du X-Pro1 en ajoutant un réglage dioptrique. Afin de maitriser au mieux votre image, une échelle de profondeur de champ peut être sélectionnée. La commutation OVF/EVF s’effectue le plus simplement par un levier situé sur ma face avant de l’appareil.

Les principales commandes photographiques sont disposées, à mon sens, avec ergonomie et logique dans un contexte de prise de vue de type reportage. Je ne pense pas que cette disposition réponde parfaitement aux exigences très particulières de la photographie sportive.

Complexité des réglages et de leurs compréhensions.

Si le physique et la préhension du Fuji X-Pro2 sont particulièrement agréables, les choses se compliquent lorsqu’il faut se pencher dans la compréhension des menus et des réglages à apporter au X-Pro2 en fonction du type d’image que l’on souhaite réaliser. Des réglages qui parfois se croisent et inhibent certaines fonctions. Je vous conseille une attitude particulièrement zen pour ne pas sombrer dans une dépression numérique. Clairement, les ingénieurs de Fujifilm sont allés beaucoup trop loin dans la finesse des réglages. Cela devient contre-productif lorsqu’il faut agir dans l’urgence pour régler l’appareil. Cette impression de « compliqué » vient ternir les grandes qualités photographiques du Fuji X-Pro2. Clairement, je n’ai pas eu assez de temps pour appréhender et comprendre toutes les subtilités de ce boitier. Je préfère nettement la simplicité efficace du Fuji X-100T. Fort heureusement, il existe sur l’écran arrière un accès rapide à l’ensemble des fonctions… Une consolation qui ne résout pas le problème de fond.

Sur le terrain.

Comme l’on dit familièrement, j’ai ramé avant de comprendre le Fuji X-Pro2. Il n’y a rien de complexe pour la compréhension de sa prise en main physique… Mais c’est un vrai cauchemar durant une dizaine de jours pour maitriser le boitier et le régler en fonction du type de photo que vous souhaitez réaliser. Il faut faire abstraction, dans sa tête, du capteur plein format et des optiques fixes aux grandes ouvertures (1.2; 1.4 ou 1.8). L’optique que j’avais à ma disposition était un 35mm F2 qui correspond à un 50mm . En photographie, je sais ce que je veux et je choisis le matériel en conséquence. L’offre d’un X-Pro2 au format APS-C avec une optique 35mmF2 transmet des images exceptionnelles, mais n’aura pas le même discours photographique qu’un boitier plein format avec un 50mm F1.4. Il faut donc trouver un autre langage photographique pour restituer les mêmes émotions en images. Ce n’est pas impossible, cela oblige à porter un regard différent sur le sujet photographier et de la technique à déployer. Il ne faut pas entrer dans le débat inutile entre le format APS-C et le format 24x36 appelé très maladroitement plein format. Je rappelle, pour la petite histoire, que le format 24x26 est issu d’un format cinématographique et choisi à la hâte, faute de choix, pour la photographie.

Un boitier psychologique et tout-terrain.

Sur le terrain, prendre les gens en photos avec un Fuji X-Pro2 ou un Leica pose infiniment moins de problèmes qu’un gros reflex qui inquiète et fait fuir les personnes. Le Fuji X-Pro2 n’est pas agressif, il est rassurant par son côté discret et sérieux. Il est une garantie pour la photographie de la rue où un simple sourire suffit, dans la plupart des cas, pour prendre une personne photo. Le Fuji X-Pro2 sait travailler un mode silencieux (obturateur électronique) et sous la pluie. Le mode suivi du sujet est d’une redoutable efficacité pour ce type de boitier. L’autofocus multizone est rapide, mais il lui arrive de perdre son sujet. Pour faire quelques tests, je me suis tiré le portrait et fréquemment, c’était souvent l’arrière-plan qui était net !

Optiques et traitement numérique.

J’avais à ma disposition deux optiques Fujinon. Le 35mmF2 et le 18mmF2. Deux excellentes optiques qui offrent d’excellents résultats optiques en JPEG, mais malheureusement décevants au format RAW. Capture One Pro 9.2 ne sait pas corriger les distorsions optiques de ces optiques. C’est à Fuji d’apporter un correctif sur ces problèmes de distorsion par une mise à jour du firmware. Au niveau du traitement numérique proprement dit et sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, c’est Capture One Pro 9 qui offre le meilleur traitement sur un RAW fuji non compressé (le mode compressé n’est pas reconnu par Capture One Pro 9 !!!). Mais le meilleur traitement, c’est l’application Irridient qui sera la fidèle à la source du capteur Fuji.

Ce que je pense…

Le Fuji X-Pro2 procure un vrai et intense plaisir une fois en main, on a l'impression de revenir aux sources de la photographie. Une sensation bien éloignée de ce ressenti, sans saveur, que l'on éprouve avec un Nikon ou un Canon (même si ce sont d’excellents boitiers). Attention, ce ressenti répond à de la pure subjectivité. La difficulté majeure que j'ai rencontrée avec le Fuji X-Pro2 est la compréhension et la logique du logiciel ainsi que toutes les subtilités de ses réglages. Un apprentissage long, mais indispensable pour aboutir sur la maitrise du boitier. Je vous invite à suivre Patrick Laroque, photographe et ambassadeur Fuji. Les photos de Patrick Laroque sont d'une grande richesse photographique et technique. Il a une maitrise absolue des boîtiers Fujifilm et des optiques Fujinon. C'est un exemple à suivre et une source d'inspiration pour ses différents conseils qu'il délivre autour des produits FujiFilm.

Ne percevez aucune allusion péjorative, mais le Fuji X-Pro2 est un boitier de niche. Sa philosophie et sa conception photographique ne seront pas ou mal adaptées à la photographie sportive ou animalière. En revanche, le Fuji X-Pro2 excelle dans la photographie de reportage au sens le plus large. Sa discrétion, son aspect à la fois ludique et sérieux seront les meilleurs atouts pour saisir le meilleur instant d’une scène en toute discrétion.

Le double slot pour les cartes mémoire est une valeur ajoutée en termes d’organisation et de sécurité. La tropicalisation libère le boitier des contraintes atmosphériques, une opportunité pour saisir des ambiances uniques sous la pluie. Le Fuji X-Pro2 me semble plus adapté pour l'usager des optiques fixes que des zooms, surtout si vous utilisez régulièrement la visée OVF (visée optique) . Quant aux choix des optiques, il faudra se limiter dans la fourchette du 16 au 56mm… Au-delà, le Fuji X-T2 devrait prendre le relais.

Il n’est pas incongru de comparer le Fuji X-Pro2 ( format APS-C), par exemple, au Sony A7M2 (plein format) qui ont en commun un tarif de 1800€; une qualité de visée électronique comparable et 24 millions de pixels en commun. Avec des qualités et des défauts qui se croisent. Des optiques plus lumineuses, mais plus volumineuses et une meilleure dynamique pour le plein format. Des optiques moins lumineuses et plus compactes pour le Fuji X-Pro2 avec un boitier tropicalisé qui représente une véritable ajoutée. Celui qui regardera les photos ne verra quasiment aucune différence; seul le photographe verra la différence sur des photos prises à pleine ouverture ou dans des situations particulièrement critiques entre les hautes et basses lumières… et encore, c'est loin d'être évident, même pour un expert!

Petit détail pénible qui met en lumière certaines complexités des réglages du Fuji X-Pro2. J'avais à ma disposition une bague Fuji pour adapter des optiques Leica M.. Je pensais que c'était dans l'esprit plug and play… sauf, qu'il fallait activer une fonction dans les menus (dont j'ai oublié le nom, pour que l'optique puisse être reconnue). Un détail parmi d'autres qui agacent et perturbent l'usage du produit. En revanche, j'ai été agréablement surpris par la facilité et la précision de l'usage de la mise au point manuel du Fuji X-Pro, nettement plus efficace que le focus peaking d'un Sony A7, mais en retrait d'un Leica Q.

Je conseille sans retenue le Fuji X-Pro2 à la condition de prendre le temps pour comprendre parfaitement la complexité et les richesses de ce boîtier. Je ne conseillerai pas le X-Pro2 à un photographe débutant, sauf si la passion de la photo le motivera à comprendre le X-Pro2. Vous possédez un boîtier avec un capteur plein format, le X-Pro2 peut compléter sans complexe votre matériel pour le reportage ou des conditions climatiques extrêmes. En fait ce qui manquerait, au conditionnel, au Fuji X-Pro2 c’est un capteur plein format… Au final, j’adore le Fuji X-Pro2… C’est une recommandation Digitlife Magazine.

« Les belles de Lorient »… Photo prise avec la complicité de ces deux « jeunes » femmes en pleine conversation. Le Fuji X-100T équipé de son convertisseur optique de 28mmF2 a été mon équipier matériel. Je le répète fréquemment, mais le Fuji X-100T est un des meilleurs boitiers, à ce jour, pour la photographie de rue.
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