Voilà un test qui aura mis bien du temps à sortir! Ce n'est pas un secret, je ne suis pas un adepte du HDR (High Dynamic Range, ou imagerie à grande dynamique) car ses utilisateurs ont bien souvent tendance à produire des images qui relèvent plus du dessin surréaliste que de la véritable photographie. Allez faire un tour sur le groupe HDR de Flickr pour vous faire une petite idée: le meilleur côtoie le pire! Pourtant, mise entre de bonnes mains, cette technique peut produire de très belles images et palier au manque de dynamique chronique des capteurs numériques.
Ainsi, lorsque la sympathique équipe de Creaceed m'a demandé de tester Hydra, j'ai pris mon temps pour trouver les images qui se prêtent à ce procéder et mieux comprendre si les défauts que je leur trouvais venaient du logiciel ou... de son utilisateur!
Hydra existe en 2 versions: une application autonome dans laquelle vous pourrez glisser directement les images, ou bien sous forme de plugin Aperture. C'est cette dernière que j'ai testée.
Le principe de base du HDR est simple: si vous devez photographier une scène à très fort contraste, par exemple un intérieur avec une fenêtre très lumineuse donnant sur l'extérieur, vous devrez très certainement faire un choix: bien exposer l'intérieur de la pièce et avoir une fenêtre "blanche", ou faire en sorte que ce qui se trouve derrière la fenêtre soit bien rendu, au risque d'avoir un intérieur en ombres chinoises. Dès que ces écarts de luminosité deviennent extrêmes, même avec un fichier RAW qui a de la réserve (Nikon séries D700 et D3, ou Canon séries 5D et 1D par exemple), il est probable que vous ne réussirez pas à récupérer totalement les hautes ou basses lumières.
C'est là qu'intervient la technique de HDR: il s'agit de prendre plusieurs photos d'un même sujet avec des expositions différentes (bracketing) afin d'exposer correctement les hautes et basses lumières de la scène sur les différents clichés. Le logiciel va alors combiner les différentes vues pour récupérer, sur chacune d'elles, les parties bien exposées, et reconstituer une image finale qui rende à la fois les hautes et basses lumières. Différents types de rendu sont alors disponibles pour retranscrire au mieux la scène.
Onglet d'importation d'Hydra
Au lancement du plugin, on arrive dans un premier onglet "importer" qui permet de retraiter les fichiers si besoin. Malheureusement, une première limitation du logiciel apparaît: lorsque l'on manipule les curseurs, le résultat n'apparaît sur l'image qu'une fois qu'on les a relâchés, contrairement à Aperture ou l'on voit les changements en temps réel. Cela oblige à tâtonner pour trouver le réglage qui convient. Deuxième gros point noir: ces mêmes curseurs sont beaucoup trop sensibles! Ce défaut, présent depuis la version 1, fait que bouger le curseur d'à peine quelques pixels, par exemple pour régler le contraste de l'image, la modifie dans des proportions extrêmes. N'espérez même pas pousser les curseurs à fond, vous ne reconnaîtriez pas votre sujet... Bref, un gros problème d'ergonomie qui entache malheureusement sérieusement l'utilisation d'Hydra.
Tant que l'on parle des bugs, dans les réglages de l'application, il est possible de rajouter un mot clé pour que les images HDR soient automatiquement identifiées dans Aperture. Par défaut, le logiciel propose "HDR Output", que j'ai voulu raccourcir à un simple "HDR". Malheureusement, à chaque redémarrage du plugin, celui-ci revient au nom par défaut. Enervant, d'autant que le bug était déjà présent dans la version 1.5!
Onglet d'alignement des images
Le second onglet permet ensuite d'aligner les différentes images, notamment si vous avez fait vos prises de vue à main levée. Un conseil dans ce cas là: activez le mode rafale de votre boîtier et combinez le au mode bracketing, pour avoir des images les plus identiques possible.
L'alignement automatique fonctionne très bien, et si besoin il sera toujours possible d'aligner manuellement les images à l'aide de classiques points de repère que l'on place sur l'ensemble des images.
Sur la capture d'écran, j'ai également fait apparaître la loupe, qui emprunte à l'esthétique d'Aperture sans être aussi efficace et fluide malheureusement.
Arrive enfin le 3ème onglet, pour réaliser la fusion proprement dite des images. Plusieurs modes sont proposés, et chaque nouvelle version d'Hydra semble proposer une nouvelle technique "meilleure que les précédentes". Dans les faits, c'est plutôt vrai, et personnellement j'ai préféré le mode Perceptif, qui semble produire des images plus naturelles.
Là encore, des curseurs, notamment de mélange et d'exposition, permettent de modifier le rendu de l'image finale. Même si je me rends bien compte que les calculs sont assez complexes, j'aurais aimé avoir une représentation visuelle de l'utilisation qui est faite des différentes images, et un système de masques / u-point pour retravailler plus finement des zones particulières de l'image.
Comme dit précédemment, les curseurs de correction de l'image (contraste, saturation, luminosité) sont trop sensibles pour être exploitables. J'ai donc pris le partie de "piloter" mes images grâce à l'histogramme, et une fois un rendu des différentes gammes de tons obtenu, je fais les réglages finaux directement sous Aperture.
Le passage en HDR, grâce à un bracketing de +/- 2 IL, a permis de préserver le ciel tout en donnant un rendu plus clair et défini du Colisée.
Après bien des essais, j'ai pu générer quelques rendus HDR qui me conviennent. Toutes les images ne s'y prêtent pas d'après ce que j'ai constaté. Dans l'exemple ci-dessous, un ciel menaçant surplombait le Colisée à Rome. En exposant bien le ciel, on sous-exposait les murs de l'arène, et vice versa. Le défaut se corrige certes directement dans Aperture, notamment en utilisant le réglage Tons clairs / Ton foncés, mais pour une fois j'ai trouvé que le rendu HDR de Hydra était convaincant. Par goût personnel j'ai rendu l'image finale en noir et blanc.
Image finale en HDR. J'ai une autre photo noir et blanc du Colisée que je préfère, traitée avec Silver Efex, mais elle est malheureusement restée chez moi
Néanmoins, dans bien des cas, je me suis posé quand même la question de traiter les images non pas en HDR, mais avec mon plugin préféré, j'ai nommé Viveza. Thierry et moi-même en avons parlé à de multiples reprises sur DigitLife. S'il est nettement plus cher qu'Hydra, ses utilisations sont également nettement plus larges. En travaillant par zone grâce aux U-points, j'ai ainsi pu corriger une image du forum romain et obtenir un rendu plus convaincant que sa version HDR.
Cette photo du forum romain ne gagnera pas de prix! A gauche un traitement sous Viveza, grâce auquel je me suis contenté de renforcer le ciel menaçant. A droite, une sortie HDR par Hydra, qui, comme on peut le constater, nécessite un traitement pour se rapprocher d'un rendu réaliste.
L'heure du bilan
J'ai vraiment essayé d'adhérer au HDR et à Hydra. Si la technique me semble prometteuse dans certains cas précis, certaines limitations du logiciel m'ont néanmoins gêné. Si vous êtes adeptes du HDR, tentez l'expérience d'Hydra, vous serez peut-être comblés. Dans le cas contraire, commencez déjà par vous offrir Aperture ou Lightroom, puis éventuellement les très beaux plugins de Nik Software, qui me semblent beaucoup plus universels dans leurs usages.
En attendant, je garde l'oeil ouvert sur une future version 3, en espérant qu'elle me contredise sur tous les points évoqués plus haut!
Un autre exemple d'image en fort contrejour: les colonnes de cette villa d'Herculanum sont sous-exposées, tandis qu'en arrière-plan, la villa voit ses murs blanchis.