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Test du Nikon D700: la nuit lui appartient

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Derrière ce clin d'oeil à un excellent film de 2007, un titre qui traduit bien les prouesses dont est capable ce très beau boîtier. Compte-rendu du réflex plein format qui me semble le plus homogène de cette fin d'année. Un "ultra" référence DigitLife!

Le couple D300 / D3 avait tracé la voie: d'un côté un boîtier expert très bien charpenté, de l'autre le premier réflex pro Nikon armé d'un capteur 24x36 dit FX ("full frame" chez nos amis anglais, par opposition aux capteurs "DX" plus petits qui équipent les autres réflex du marché). En conjuguant les avantages des 2 pour un tarif qui reste raisonnable, le D700 constitue donc une proposition très alléchante. J'ai eu l'occasion de le tester intensivement pendant une dizaine de jours avec le très beau zoom Nikon AF-S 24-70 mm f2.8 pour confirmer cette impression.

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Exposition temporaire pour l'inauguration du passage 104, Paris. 640 ISO.
Toutes les photos présentées ici sont des RAW bruts exportés en JPeg depuis Aperture 2. Cliquez sur l'image pour la version pleine résolution.
Copyright JF Vincent

Prise en main

L'aspect extérieur du D700 est très proche du D300 dont il dérive. Un peu plus gros que son devancier, il frise le kilo nu, ce qui, associé à des objectifs de haut vol comme le 24-70 mm qui l'équipait, en fait une configuration assez lourde et encombrante, mais c'est peut-être son seul véritable défaut!

Le D700 reprend l'ergonomie "une fonction = une touche / molette" du D300 (voir son test ici). Un peu intimidante au début par rapport à la sobriété d'un Canon par exemple, elle permet ensuite d'accéder instantanément aux fonctions essentielles du boîtier, sans passer par des menus. Choisir le mode d'autofocus, la mesure de la lumière, la cadence moteur, le mode de flash... tout est à portée de main.

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Le Nikon D700 est un boîtier entièrement personnalisable pour répondre aux habitudes de son propriétaire, à tel point qu'il doit y avoir autant de configurations qu'il y a de possesseurs. Nikon semble être allé encore un cran plus loin que sur le D300, mais peut-être celui-ci a-t-il bénéficié d'une partie des nouveaux réglages via des mises à jour de son firmware. Sens et fonction des molettes, cadences moteur, affichage dans le viseur, comportement de la mémorisation d'exposition... tout peut être réglé aux petits oignons. Cela est d'autant plus agréable que le menu est clair, bien agencé, et complété par un système d'aide bien pratique que je n'ai pas encore croisé chez la concurrence. Bref, je continue d'applaudir Nikon pour ce point qui évite le recours au volumineux mode d'emploi. Pour ma part, j'ai profité de cette personnalisation pour configurer la mesure spot sous le petit doigt, et la mémorisation d'exposition "persistante" sous le pouce. L'autre bouton au creux de la main pilotait le contrôle de la profondeur de champ. Très pratique et efficace! Au passage, l'écran haute résolution très lumineux est un vrai plaisir.

Nikon a également profité de l'année de développement supplémentaire pour corriger les quelques défauts du D300. Le pavé directionnel dispose ainsi d'une vraie touche OK comme le D3, et l'on ne clique donc plus au hasard. De même, une touche supplémentaire en bas de l'écran rappelle tous les réglages en cours, même si l'écran LCD monochrome sur le capot supérieur remplit déjà très bien cette fonction.

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La qualité de construction est toujours excellente, et même si la trappe de la carte Compact Flash n'est plus protégée par un loquet, elle reste ferme et agréable à manier, Nikon ayant eu la bonne idée de la monter sur ressort (contrairement à Canon par exemple). La protection tout temps est également parmi les meilleures, faisant appel à de vrais joints pour protéger tous les boutons et trappes. Bien entendu, la monture constitue un point faible potentiel, il faudra donc s'assurer de disposer d'optiques tout temps! C'est le cas du 24-70 mm, et je n'ai donc pas hésité à photographier sous une pluie abondante: à vous les beaux reflets et jeux d'eau sans crainte pour votre matériel! Si la photo "urbaine" n'est pas une preuve suffisante - après tout on est bien loin de la jungle tropicale - vous pourrez relire le témoignage de Jim Reed, chasseur de tornades qui a pu tester le boîtier en avant première et ne l'a pas ménagé. Seul bémol, le cache sur la gauche du boîtier, qui protège les connections USB, HDMi et autres prises est beaucoup trop grand et mal maintenu: il a passé son temps à s'ouvrir sans raison, et un coup de gaffer risque d'être rapidement nécessaire pour le garder en place.

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Un mot au passage sur le zoom pro 24-70 mm f2.8. Sa construction tout métal est superbe, les bagues larges et fluides, sans point ferme. Sa motorisation ultrasonique AF-S permet une mise au point très rapide et silencieuse. Sur le plan optique, les performances sont vraiment excellentes, et l'on apprécie de pouvoir jouer sur la profondeur de champ à pleine ouverture grâce au grand capteur du D700. Les 2 constituent donc un couple idéal. Le paresoleil est assez encombrant, Nikon ayant opté pour une formule semblable à Canon sur son 24-70. Le paresoleil se fixe en effet au pourtour externe de l'objectif, tandis que le fut s'allonge ou se rétracte à l'intérieur lorsque l'on zoome. Avantage: la protection contre les rayons parasites est optimale quelle que soit la focale. Inconvénient: le zoom affublé de son paresoleil garde sa taille maximale quelle que soit la focale. Le système de fixation par clic avec un bouton n'est pas mon préféré, mais il remplit son office.

Nikon a eu l'intelligence de penser les D300-D700-D3 comme une vraie gamme complémentaire, et ils peuvent donc partager une partie de leurs accessoires. Le grip est ainsi commun aux D300 et D700, de même que les batteries. Sur ce dernier, il fait grimper la vitesse de rafale pour peu qu'on l'équipe d'une batterie de D3, plus puissante pour entraîner son obturateur. Les pros peuvent donc très bien imaginer un tandem D300 + D700 pour profiter des longues focales sur le D300 (l'avantage des petits capteurs qui augmentent les focales) ou bien un tandem D700 + D3 pour du plein format sans concession, avec la possibilité d'être plus maniable si le D700 est utilisé sans grip.

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Parmi les autres petits plus, on peut citer le capteur doté d'un système antipoussière alors que le D3 n'en dispose pas, Nikon n'étant pas prêt à l'époque. De même, le flash intégré pourra sauver ponctuellement, mais surtout il est capable de piloter un système de flash sans fil, là où chez Canon il faut rajouter un coûteux transmetteur sans fil ou bien monopoliser un flash sur le boîtier pour piloter les autres. Bien vu!

Je garde le meilleur pour la fin. A l'époque du D300, je m'étais extasié sur des détails comme le système de fixation de la courroie, bien plus agréable à porter. Cette fois-ci, c'est le nouveau viseur qui attire mon attention. Bien qu'il ne soit pas "100%", il est extrêmement agréable et lumineux. Le génial système d'affichage LCD de Nikon permet de rajouter à la demande une grille, tandis que les collimateurs autofocus n'apparaissent que pour faire le point, et ne distraient donc pas le photographe lors de la visée. Comme les réflex pro, le viseur du D700 dispose d'un obturateur intégré, accessible via un loquet à sa gauche. Une petite attention appréciable pour ceux qui font des poses longues et qui n'auront donc pas à mettre leur main devant pour éviter les lumières parasites. Enfin, un détail qui n'en est pas un: en adoptant un viseur rond et non pas carré, Nikon l'a rendu non seulement très confortable mais surtout très facile à nettoyer! Alors que les viseurs traditionnels rectangulaires sont une vraie corvée à nettoyer dès que des poussières viennent s'y loger, un coup de tissu microfibre suffit ici pour les déloger en une seconde. Cela paraît anecdotique, mais après avoir visité quelques endroits désertiques et poussiéreux avec mon 5D, j'aurais bien apprécié cette construction!

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A l'usage

Avec ses 51 points, l'autofocus commun des D300, D700 et D3 reste une référence du marché. Certes, il couvre un champ moindre dans le grand viseur du D700, mais celui-ci reste suffisant pour ne pas avoir à recadrer dans la plupart des cas. L'avantage de la multiplicité des collimateurs est qu'il y en a toujours un placé au bon endroit, et il est toujours possible de réduire leur nombre lorsque l'on passe en pilotage manuel pour aller plus vite sur la zone voulue. La mise au point est rapide, surtout avec une optique pro comme le 24-70 mm de la marque, mais il ne faut pas croire que le nombre supérieur de collimateurs avantage le D700 sur ce point. En bonnes conditions de luminosité un Canon 5D, pourtant doté de "seulement" 15 collimateurs, est tout aussi rapide. La mise au point sur le D700 est très précise, et les nombreux collimateurs croisés l'aident à maintenir cette performance même en faible lumière. Les modes de pilotage nécessiteront un temps d'apprentissage pour réellement les maîtriser, et j'avoue que je n'ai pas encore bien senti l'intérêt du mode de suivi "3D" par rapport aux autres réglages simples.

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La capacité à générer de beaux fonds flous et un beau "bokeh" (terme japonais pour désigner leur beauté) est l'apanage des grands capteurs... associés à de belles optiques qui génère des lumières hors champ bien ronde!
"Voitures à Saint Michel"

Le bruit de déclencheur est sec, ce D700 est un vrai costaud. Peut-être pas l'appareil idéal pour photographier un concert classique...

La vraie avancée du D700 réside dans l'exceptionnelle qualité des images qu'il délivre, et qui se maintient jusque dans les hautes sensibilités. J'ai travaillé en RAW développé ensuite sous Aperture 2. Sur les meilleurs boîtiers à petit capteur (D300, 40D), on peut travailler jusque vers 1000-1250 ISO sans crainte. Le 5D permettait de se caler à 1600 ISO avec une belle focale fixe ouverte. Sur le D700, je me suis surpris à monter à 3200 ou 4000 ISO sans la moindre hésitation, tant les résultats sont propres. Quelques incursions à 6400 ISO montrent qu'à ce niveau encore, les détails sont maintenus, et je n'ai même pas eu l'occasion de tester les sensibilités "de secours" de 12800 et 25600 ISO! Le faible bruit que l'on peut croiser en haute sensibilité sur le D700 se fait essentiellement en luminance (des points noirs) plutôt qu'en chrominance (des points colorés). Il est donc très agréable et rappelle le grain argentique. La possibilité de monter en sensibilité sans complexe fait que le D700 autorise une plus grande lattitude de choix pour le couple diaphragme / vitesse dès que la lumière baisse, alors que sur un autre boîtier, on serait plutôt cantonné à la pleine ouverture de son optique. On peut donc même envisager de jouer sur la profondeur de champ dans un environnement sombre, et s'affranchir quasiment du flash!

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Sculpture à La Défense

L'autre force du grand capteur est sa capacité à délivrer des images qui supportent de fortes corrections. Il est véritablement possible de pousser les curseurs en post-traitement, pour récupérer des tons clairs ou foncés par exemple, sans que l'image n'en pâtisse. Sur des réflex plus modestes, cela se traduirait par des zones claires irrécupérables, des ombres bruitées, et des dégradés de couleurs qui deviennent brutaux lorsque l'on pousse la saturation. Aucun de ces défauts ici, c'est un vrai plaisir que d'apporter les corrections nécessaires pour obtenir l'image désirée!

Je ne m'attarde pas sur les modes de lecture des images, mais contrairement au Nikon D60 qui me laissait vraiment sur ma faim, ceux-ci sont très bien conçus. Vu image, histogramme et détail des paramètres de prise de vue, tout y est.

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La Défense

Un coup d'oeil sur la concurrence

Les 2 autres concurrents récemment annoncés jouent la carte de la résolution plus élevée. Etait-ce bien utile pourtant, à part pour "gonfler" les chiffres marketing? Je reste persuadé que dans 90% des cas, 6-8 MPixels suffisaient déjà à faire de beaux agrandissements, et les 12 MPixels laissent une certaine marge pour ceux qui doivent recadrer leurs images. Mis à part les impressions géantes pour les publicitaires, très peu de personnes ont "besoin" de plus de 12 MPixels (ne me parlez pas des compact numériques qui frisent désormais les 13 MPixels, je risquerais de m'énerver!).

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Filé de nuit

  • Sony Alpha 900

Sony voulait un appareil étendard, et présente donc un très beau boîtier full frame. Il semblerait qu'il ait le meileur viseur du marché, mais dès que l'on aborde le plan des images, il tire sa révérence. Les 24 MPixels s'accompagnent d'une très forte montée du bruit chromatique (des pixels colorés, assez visibles et disgracieux), sensible dès 800 ISO là où ses concurrents flirtent sans problème avec les 1600 voire 3200 ISO sans que l'on ne perçoive de réelle défaut dans les images. Il reste Noise Ninja... Dommage.

  • Canon EOS 5D MkII

21 MPixels au compteur, et une maîtrise des hautes sensibilités qui semble au moins égaler le Nikon D700 sur les premières images qui circulent. Ajoutez à cela un mode inédit de vidéo haute définition, et on aurait le boîtier parfait? Pas si vite! Quoi qu'on en dise, l'ergonomie d'un réflex est loin d'être idéale pour la prise vidéo, donc même si les premiers résultats sont très bons, l'usage de cette fonction risque de ne rester qu'occasionnel. Si l'on excepte le nouveau capteur et l'électronique de haut vol qui l'accompagne, ce 5D Mark II n'évolue que par touches par rapport à son prédécesseur, et c'est bien là son véritable défaut. On aurait aimé un autofocus plus ambitieux (il est moins sophistiqué que sur un 50D, pourtant bien moins cher!) et un boîtier vraiment renforcé, par autre chose que des joints en mousse. La très haute résolution conduit également à des rafales modestes de 3.5 images/seconde, qui ne pourront satisfaire le photographe sportif ou celui qui jongle entre les sujets. En comparaison, il suffit d'ajouter un grip et une batterie au D700 pour en faire un vrai spécialiste des pistes d'athlétisme... Attendons la prise en main pour un verdict.

  • .... et le Canon EOS 5D!

Eh oui, celui-ci termine sa carrière à un prix "plancher" de 1700 Euros environ. 3 ans après sa sortie, il propose une qualité d'image qui écrase encore les réflex proposés à des prix similaires (Nikon D300 et Canon 50D compris) tout en offrant le plaisir du plein format. Son boîtier ne dispose peut-être pas des derniers raffinements (écran haute résolution, construction un peu légère) mais dès que l'on manipule ses fichiers RAW, on découvre une qualité d'image géniale jusqu'à 1600 ISO et une latitude de post-traitement que je n'ai retrouvée pour le moment que sur les boîtiers dotés de grands capteurs (le Canon 1D MkIII et ce Nikon D700). Les autres boîtiers ont subjectivement moins de réserve de manoeuvre, la chose étant particulièrement sensible sur le pourtant très beau Olympus E-3.

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Un exemple de photo à 6400 ISO

Ce que j'en pense

Si les lignes ci-dessus ne traduisent pas tout le bien que je pense du D700, alors autant le résumer: c'est pour moi le meilleur boîtier du moment dans sa gamme, et même si je n'ai pu encore tester ses deux autres concurrents, il est fort peu probable que mon avis change. Plutôt que de jouer la surenchère sur tous les tableaux, Nikon a eu l'intelligence de faire un boîtier bon sur tous les points: une très belle construction, un autofocus et une mesure de lumière de pointe, une ergonomie excellente, et une qualité d'image hors pair. C'est un boîtier qui peut répondre sans problème à tous les styles photos, et accompagner son propriétaire pour de nombreuses années. Enfin, Nikon a construit une gamme qui se complète véritablement, et contrairement aux autres marques, posséder plusieurs boîtiers parmi le D300, le D700 et le D3 n'obligera pas à multiplier les accessoires, chargeurs et batteries. Bien vu!

Il y aura bien sûr toujours un boîtier plus performant, dans un an ou plus, mais le niveau atteint aujourd'hui est tel que les nouveautés seront loin d'être "nécessaires". Cela dit M. Nikon, si vous voulez une liste de suggestions pour vos futurs boîtiers, je peux en rédiger une page :-) En attendant, pour contrebalancer le relatif encombrement de ce D700, il ne manque finalement plus qu'un petit boitier type télémétrique abordable, à optiques fixes interchangeables et capteur plein format. Un peu ce qu'était l'Hexar face au très cher Leica M du temps de l'argentique. Le premier constructeur qui m'entend gagne un client!

Le Nikon D700 est une ultra-référence DigitLife, et peut-être même un prétexte suffisant pour changer de marque, c'est dire!

Jean-François - DigitLife

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La Défense

Présentation du Nikon D3x en studio

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