Screen Shot 2017-01-21 at 7.27.21 PM.png

Bienvenue!

Fondé en 2005, DigitLife Magazine est un site dédié à l'image et aux technologies numériques. Photographie, univers Apple, solutions mobile,... nos rédacteurs portent un regard "sans contraintes" sur les technologies et les images qu'elles permettent de créer. Bon voyage!

Test du Nikon D300: la puissance à maîtriser

IMG_4950.jpg Après 10 jours en compagnie du boîtier expert des "jaunes" (les "rouges" étant Canon, reconnaissables chacun à leurs bandoulières!), il est temps de dresser les premières conclusions. Premières car c'est un boîtier qui réclame un vrai apprentissage pour en tirer le meilleur. Premières aussi car n'ayant pas eu l'occasion de faire beaucoup de photos au cours de la période, je ne l'ai pas poussé dans ses retranchements.

Petit tour d'un rélfex qui m'a fait forte impression!

Une très belle optique

IMG_4930.jpg

Le Nikon D300 était accompagné de son très beau zoom AF-S 17-55 mm f2.8. Avec un coefficient de recadrage de 1.5 dû à la taille du capteur (format "APS-C"), ce zoom est équivalent à un transstandard pro 25-85 mm. La construction est tout bonnement superbe, respirant le métal, et protégé tout temps grâce à des joints. C'est largement du niveau des zooms série "L" de Canon, et même largement mieux que mon récent 24-105 L (test à venir) qui fait très plastique en comparaison!

Le moteur ultrasonique permet une mise au point rapide et silencieuse. Si les autres marques s'y mettent progressivement, Canon et Nikon conservent une longueur d'avance dans le domaine. Toutes deux en ont équipé la quasi totalité de leurs zooms. Canon se démarque en revanche du côté des optiques fixes, équipées pour la plupart de cette motorisation, alors que Nikon a fait l'impasse sur les courtes focales.

Le seul point négatif que j'ai pu relever est une bague de zooming très dure. Peut-être était-ce dû au fait que ce soit un matériel de prêt, mais toujours est-il que le confort est moindre que sur les zooms L de Canon dont les bagues sont plus fluides.

L'ensemble Nikon D300 et son zoom pèsent un peu plus d'1.6 kg sur la balance. Cela peut paraître beaucoup pour ceux qui sont habitués aux petits reflex, mais j'ai trouvé l'ensemble très stable.

IMG_4933.jpg

Les petits détails qui font la différence

Passer d'une marque à l'autre, c'est souvent redécouvrir des philosophies différentes. Autant l'Olympus E-3 était un appareil facile à adopter, autant on constate ici que Canon et Nikon jouent l'opposition: toutes les commandes sont inversées! A croire que leurs bureaux d'étude ont reçu la consigne de faire le contraire du concurrent. Ainsi, on visse l'objectif dans le sens inverse de Canon, on zoome dans le sens inverse de Canon, on utilise les molettes de manière différentes etc...

Première différence fondamentale: Canon produit des appareils dotés d'assez peu de boutons. Les manipulations complexes passent au choix par un menu (rarement pour les fonctions fondamentales), ou bien par des touches à double fonction, ce qui permet d'en diminuer le nombre total. Cela est vrai jusqu'au vaisseau amiral 1D, et ce n'est que récemment que l'on a vu apparaître des touches vraiment dédiées à une seule fonction, comme la fameuse touche ISO.

Nikon pour sa part a choisi la voie "1 touche = 1 fonction" et a multiplié les molettes et interrupteurs dédiés, sans tomber dans l'excès de feu Minolta qui ressemblait parfois à un clafoutis. J'étais au premier abord enchanté par le principe, le trouvant très supérieur à Canon d'un point de vue ergonomique. Fini les jonglages pour changer de mesure de lumière, on tourne un loquet et c'est fait! Mais à l'usage, je me suis rendu compte que cette profusion de réglages, bien loin de l'esprit minimaliste d'un Leica, enlève parfois de la spontanéité aux photos, le photographe se demandant s'il a bien appuyé sur toutes les touches nécessaires...

Avec le temps, les réflexes - sans mauvais jeu de mots! - s'établissent, mais pour la première fois, j'ai ressenti le vrai besoin d'une période d'apprentissage. Ce boîtier risque de dérouter les débutants, contrairement à un Canon 40D qui propose même des modes scènes. En revanche, celui qui prend le temps de le maîtriser en tirera le meilleur.

Au niveau des petits détails très agréables mais pourtant souvent passés sous silence, j'ai particulièrement apprécié le grip du D300. Sa texture caoutchoutée presque collante assure une excellente préhension, et la poignée est nervurée à l'intérieur pour que les doigts puissent s'y agripper. Bien vu!

De même, la courroie est reliée au boîtier par des petits mousquetons triangulaires. Cela n'a l'air de rien, mais contrairement aux "barettes" habituelles des autres marques, cela permet à l'appareil de s'incliner librement lorsqu'il pend autour du coup. Avec un objectif lourd, la répartition du centre de gravité est bien meilleure, améliorant d'autant le confort. S'il était possible d'adapter le système à Canon, je le ferais dans la minute!

Enfin, l'écran arrière est protégé par un cache en plastique qui se clipse par-dessus. C'est bien plus pratique que les protections à coller, qui ont tendance à être mal ajustées ou à faire des bulles. De plus, cela protège l'écran des petits chocs, et en environnement non "hostile", on a tout le loisir d'enlever la protection, ce qui ne serait pas possible avec un film plastique.

DSC_2004.jpg

Avec le D300, photographier sous la pluie battante est un vrai plaisir!

La construction du D300 est à l'image du zoom qui l'accompagnait: superbe. Coque en magnésium, et surtout une étanchéité tout temps assurée par des joints disposés sur toutes les commandes. Je sais bien que beaucoup jugent cela inutile. Pourtant dès ma première sortie, je me suis retrouvé sous une averse battante, continuant à photographier comme si de rien n'était. Un reflex standard aurait certainement survécu, mais combien de fois?

Il n'est franchement pas agréable de se dire que son boîtier à près de 2000 Euros risque l'asphyxie dès la moindre goutte d'eau, même si dans la pratique il doit pouvoir résister à quelques crachins. Nikon a donc fait un choix vraiment appréciable. Environnements poussiéreux, pluie, condensation... ce boîtier est prêt à tout affronter!

Des réglages à foison

Au premier allumage, on se rend compte de trois choses. Du génial écran LCD, qui par sa résolution quatre fois plus élevée que la concurrence (640 x 480 pixels, contre 320 x 240 pixels usuellement) procure un confort totalement inédit. Combiné à des angles de vision très larges et une bonne luminosité, on peut juger de la netteté des photos et de leur exposition de manière fiable - même si le recours à l'histogramme reste de rigueur.

Cet écran est complété par un afficheur LCD monochrome sur le capot supérieur. Celui-ci, plus grand que la moyenne, rassemble l'essentiel des paramètres de prise de vue. Ils sont également rappelés dans le viseur très complet, y compris la sensibilité.

Le viseur justement est très agréable. Avec un bon grossissement, l'image produite ne donne pas l'impression de viser par le trou d'une serrure. Sur ce point, les reflex experts ont bien progressé! Fait rare qu'il ne partage qu'avec le E-3 dans sa catégorie, le viseur couvre 100% de l'image. Ceux qui apprécient les cadrages précis seront comblés, et l'on attend maintenant que les autres marques suivent.

Originalité Nikon, le viseur peut afficher par surbrillance des informations grâce à un film LCD transparent. Au repos, on ne voit ainsi aucun collimateur, le champ étant libre pour voir l'image. Un appui sur la touche AF ou le déclencheur fait apparaître le(s) collimateur(s) sur lequel a été fait le point, ainsi qu'un quadrillage optionnel, utile pour avoir des horizons bien droits. Dans la pratique cependant, les 51 collimateurs AF couvrent une grande partie du viseur (ce qui est très bien!), laissant très peu de place aux "bouts" de quadrillage... Par ailleurs, sous certaines conditions d'éclairage, le viseur se révèle un peu granuleux, peut-être à cause de cette surcouche LCD.

IMG_4940.jpg
Le Nikon D300 dispose d'un magnifique écran qui conjugue grande taille, haute définition, luminosité, et angles de visions étendu. Il est livré avec un cache de protection en plastique transparent, facile à remplacer. Parfait!

On appuie ensuite sur la touche Menu pour faire ses réglages... et l'on constate qu'ils sont pléthoriques. Vous voulez changer le sens de rotation des molettes? C'est possible. Passer d'un autofocus sur 9 points à un autofocus sur 51 points, avec suivi 3D (le capteur AF est alors couplé à la mesure de la lumière sur 1000 zones, qui permet de déterminer où se trouve le sujet)? OK. Vous voulez des Raw sur 12 ou 14 bits? Ces derniers font malheureusement chuter le mode rafale, mais pour les non sportifs, tout gain de qualité en post traitement est bon à prendre!

Je n'ai pas trouvé la fonction qui déclenche le flash pour éblouir le chat qui rentre dans le champ de vision de votre photo cadrée au cordeau, mais vu le nombre de fonctions personnalisés disponibles, je ne serais presque pas étonné qu'elle existe!

Heureusement, les menus sont très bien agencés, de manière logique. Et surtout, Nikon répond à une des doléances que j'exprimais en testant le E-3: ils ont implanté un génial système d'aide pour chaque fonction! Merci, et aux autres de suivre l'exemple!

IMG_4946.jpg
Houra! Un système d'aide intégré pour tout comprendre des nombreuses fonctions personnalisées!

Tant que l'on balaie les possibilités de réglages, celles du flash intégré sont étonnamment fournies. La synchro lente deuxième rideau permettra des prises de vue naturelles, évitant l'habituel effet "fromage blanc" des compacts numériques. La couverture et le dégagement du flash sont en revanche un peu limités, si bien que sur un objectif aussi imposant que le 17-55 dont je disposait, le quart inférieur de l'image avait systématiquement une ombre aux plus courtes focales.

Pour continuer avec l'ergonomie, le capot gauche, où trône souvent le sélecteur de mode, est ici réservé à un trio de touches permettant de régler la qualité d'image, la sensibilité ISO, et la balance des blancs. Il faut maintenir chaque touche appuyée tandis que l'on modifie le réglage avec la molette. Petit revers, le changement d'ISO nécessite deux mains, alors qu'il peut se faire avec la seule main droite et sans quitter l'oeil du viseur chez Canon et Olympus, le bouton étant placé près du déclencheur.

Sous ces 3 touches se trouve un sélecteur permettant de régler le mode d'entraînement: vue par vue, rafale continue (à ne pas confondre avec l'AF continu qui lui se règle avec une autre molette, près de l'objectif!), ou Live View. Je pense qu'il y a un pari en cours chez les constructeurs pour savoir qui le cachera le mieux. Alors qu'Olympus lui dédie une touche, chez Canon il faut activer un menu spécial pour qu'il devienne actif. Ici, quand on tourne la molette sur le mode Live View, il ne se passe rien... Il faut appuyer sur le déclencheur, comme pour prendre une photo, pour qu'enfin apparaisse l'image sur l'écran arrière. Mais bien sûr!
Ce mode Live View propose, au choix, une mise au point classique après relevage du miroir (ce qui entraîne une latence et une perte temporaire de l'image), ou une mise au point par détection de contraste inspirée des compacts, plus lente mais qui n'occulte pas la visée.
Ceux qui ont lu les précédents tests le savent, je ne suis pas un adepte de cette visée Live View. En revanche sur trépied, avec le bel écran du D300, elle prend du sens.

IMG_4945.jpg
Une touche = une fonction. On peut ainsi directement régler le mode d'autofocus, la mesure de lumière, etc...

Le jour où je me suis battu avec des roues codeuses

Comme tous les boîtiers experts et pro, le Nikon D300 dispose de deux molettes, l'une au niveau du déclencheur, l'autre à l'arrière, à portée de pouce.

Chez Canon, le fonctionnement des deux roues est assez simple. Par défaut, la molette arrière corrige l'exposition. La molette avant agit sur le réglage du mode en cours, c'est-à-dire décalage programme si on est en tout automatique, ouverture en priorité ouverture, et vitesse en priorité vitesse. Logique! En mode manuel, une molette contrôle l'ouverture et l'autre la vitesse.

Chez Nikon, j'ai failli m'arracher les cheveux par moments. Par défaut, la molette avant contrôle la vitesse, la molette arrière contrôle l'ouverture. Chouette! Donc en mode priorité vitesse, la molette arrière ne sert à rien. Et en mode priorité ouverture, c'est l'inverse. OK. Et donc si l"on veut corriger l'exposition, il faut au préalable appuyer sur un bouton, comme sur les réflex d'entrée de gamme qui ne sont pourvus que d'une molette.

On passe en mode Programme (tout auto). Vous vous dites que les deux molettes vont permettre de décaler le couple diaphragme - vitesse? Que nenni, seulement celle à l'arrière. Et comme on est un peu tortionnaire chez Nikon, les ouvertures défilent dans le sens inverse du mode priorité ouverture! Une fois qu'on passe en mode décalage programme, l'appareil reste sur la valeur d'ouverture choisie, et ne repasse plus en mode tout auto. Il faut pour cela revenir avec la molette vers la valeur par défaut. Pas très pratique!

Peut-être ai-je loupé quelque chose, que les possesseurs des D300 et D3 n'hésitent pas à me contredire dans les commentaires.

Il est sûr qu'on s'habitue à tout. A l"ergonomie un peu bizarre des anciens Canon 1D (qui finalement s'est calqué sur ses appareils experts pour son nouvel 1D Mark III), au clavier AZERTY (qui, à l'époque, devait minimiser la vitesse de frappe pour éviter que les machines à écrire ne s'enrayent!). Mais là, franchement, Nikon a du mal à me convaincre...

Edit: Comme on pouvait s'en douter, découvrir une nouvelle marque et un nouveau boîtier en 10 jours, c'est peu. Les commentaires le soulignent bien, j'aurais pu trouver la solution dans les fonctions personnalisées, puisque ce boîtier se paramètre aux petits oignons suivant les goûts de l'utilisateur. Malgré tout, garder par défaut une molette qui ne sert à rien dans les modes "priorité" me laisse un peu perplexe.

DSC_2140.jpg

Au quotidien

La qualité d'image confirme les atours de ce D300! L'exposition est vraiment très fiable, et montre bien la maîtrise de Nikon dans la mesure matricielle. Ceux qui veulent des JPegs directement prêts à l'emploi pourront faire appel au système D-Lightning intégré, qui éclaircit les zones sombres pour faire ressortir les détails. Celui-ci n'a pas besoin d'être appliqué dès la prise de vue, et peut l'être au moment de la lecture des images.

L'autofocus s'avère très précis et rapide, même si empiriquement il m'a semblé moins rapide que celui d'un Canon 1D (beaucoup plus cher il est vrai!). Les collimateurs peuvent être pilotés à l'aide du pad arrière. Du fait de leur nombre (51), passer d'un extrême à l'autre du viseur peut être assez long, et l'on aura intérêt en pratique à réduire le nombre de collimateurs en réglages manuels pour gagner du temps.

Edit: Au passage, même si, à nombre de pixels équivalents, le D300 est bien plus véloce qu'un 5D, ce qui témoigne bien des progrès accomplis en 2-3 ans (rafales plus rapides, etc), certains compromis ont dû être faits. Ainsi, l'AF est plus véloce avec 21 points qu'avec 51 points, et la cadence moteur n'atteint son maximum qu'en désactivant les retraitements d'image (D-Lightning, échantillonnage 14 bits). Le D3, lui, ne se permet aucune concession, mais le tarif et l'encombrement sont tout autres!

La balance des blancs est du même accabit, puisque je ne l'ai pas prise en défaut sur la durée du test. Les 3 modèles testés - Canon 40D et Olympus E-3 compris - ont fait de sérieux progrès dans ce domaine.

En haute sensibilité, le D300 produit de très belles images, avec un grain très bien maîtrisé et aucun phénomène de banding. Le grain produit se fait surtout en luminance (points noirs) et non en chrominance (points colorés), ce qui est plus agréable. Le phénomène dépend certainement en partie du logiciel de lecture des RAW utilisé (Aperture 2.1 dans mon cas).

Je n'ai pas fait de mesure "scientifique" du niveau de bruit. J'ai trouvé le D300 meilleur en hautes sensibilités (1600 ISO et au-delà) que les Canon 40D et Olympus E-3. DPreview, qui a conduit des tests plus poussés, montre que le Canon 5D garde cependant l'avantage en haute sensibilité (mais le D3 fait encore mieux!).

DSC_1992.jpg

J'en suis témoin: la Tour Eiffel a été dévorée par un T-Rex!

Ce que j'en pense

Faire le tour complet de ce Nikon D300 prend du temps, et nécessite une vraie période de familiarisation. Ses multiples possibilités de réglage raviront l'expert ou le pro qui pourront le façonner en fonction de leurs besoins. En revanche, ce boîtier risque d'effrayer les débutants (fortunés!), alors que les modèles experts des autres marques restent relativement accessibles.

Sa superbe fabrication, son ergonomie et sa qualité d'image en font certainement le reflex expert le plus complet du moment. S'il fallait en choisir un à l'heure actuelle, ce serait certainement celui vers lequel je me tournerais. Le Canon 5D, un peu plus cher, garde l'avantage en hautes sensibilités et pour des rendus plus doux, adaptés aux portraits, grâce à son capteur 24x36. Pour tout le reste, Nikon a pris l'ascendant avec son D300, et Canon se devra de réagir vigoureusement avec le remplaçant du 5D!

Comparé aux Canon 40D et Olympus E-3, le Nikon D300 est là aussi le plus homogène et le plus complet des 3, ce que reflète finalement assez bien son positionnement tarifaire, qui en fait le plus cher.

Si vous avez les moyens de vous l'offrir, avec quelques belles optiques, ce D300 est donc un des appareils stars du moment, et les quelques lacunes ergonomiques énoncées n'entravent en rien ses qualités.

Jean-François - DigitLife

IMG_4953.jpg

DigitLife n’est pas mort…

Mise à jour pour les Canon 1D