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Test : Olympus E-3, les petits plats dans les grands

testE3_4.jpg Olympus a eu la gentillesse de me laisser un boîtier E-3 et son objectif 12-60 mm pendant plusieurs semaines, ce qui m’a permis de découvrir une marque dont je commence à entendre le plus grand bien, mais que je n’avais jamais testée. Canoniste de la première heure, j’ai donc eu le loisir de tester le nouveau fleuron de la marque à mon rythme, et de voir si les préjugés que je pouvais avoir étaient toujours d’actualité.

Inutile de faire durer le suspense, le E-3 est un très beau réflex, qui replace la marque dans la course face aux ténors du marchés, et surtout fait oublier les piètres performances de ses devanciers (la qualité d’image du E-1 était, il faut l’admettre, bien en dessous de ce que proposait la concurrence, et jusqu’à présent, Olympus accusait un vrai retard côté autofocus).

Un petit tour s’impose pour dresser les qualités et défauts de l’appareil !


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L'Olympus E-3 accompagné de son zoom 12-60 f2,8-4 SWD (motorisation ultrasonique)

Prise en main

L’appareil reçu, je le déballe et mets sa batterie à charger, tandis que je commence à apprécier la qualité de fabrication générale. Le chargeur est très petit, accompagné d’un câble d’alimentation très court (après tout, ça prend moins de place dans le fourre-tout en voyage). Surprise : la charge dure une éternité (une demi journée chrono), et le chargeur est peu informatif (pas d’affichage par diodes du niveau de charge en cours). Pour le pro qui ne voudrait pas se lever au milieu de la nuit pour recharger successivement ses accus, il faudra donc prendre plusieurs jeux de batteries ! A l’usage, celle-ci, petite également, offre une bonne autonomie, même si l’indicateur du boîtier m’a semblé un peu pessimiste : en environnement froid (Auvergne, autour de zéro degré), la batterie a rapidement donné des signes de faiblesse, alors que je continuais à photographier. Pour resituer les choses, je pense que l’autonomie est moins bonne que les BP-511 de Canon, et plutôt du niveau des petits réflex. Mieux vaut donc en avoir une de secours pour ne pas être interrompu.

Le temps de charge – et la suite – me permettent d’apprécier la construction de l’ensemble. On m’a dit le plus grand bien des objectifs, je ne manquerai pas de vérifier cela sur le terrain. Le zoom 12-60 mm à ouverture glissante 2.8-4 est l’équivalent d’un 24-120 en 24x36. Le format FourThirds implique en effet de multiplier les focales par 2. Petite taille de capteur oblige, cela permet également de construire des objectifs assez compacts tout en étant lumineux. Ce 12-60 ne prends donc pas plus de place qu’un 17-85 chez Canon, qui ouvre moins pour sa part. Le zoom offre une motorisation ultrasonique, chose qui me semble indispensable une fois que l’on y a goûté (silence et rapidité de mise au point). Olympus commence à équiper progressivement ses autres objectifs de la motorisation SWD dans le jargon maison. Autre détail, le zoom dispose de joints, notamment au niveau de la baïonnette, afin d’assurer l’étanchéité de l’ensemble réflex + objectif. La qualité de fabrication du zoom est globalement très bonne, les bagues sont fluides, il n’y a pas de jeu. Proposé en kit avec le E-3 – ils sont sortis en même temps – il constituera un excellent trans-standard pour qui veut faire du reportage.

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Le boîtier bénéficie d'une finition tout simplement remarquable

Le boîtier E-3 bénéficie d’un niveau de qualité tout bonnement exceptionnel. On est au niveau d’un 1D MkIII, et sans hésitation au-dessus du Canon 40D. La marque a l’habitude de proposer des boitiers tout temps (notamment des compacts et caissons). Ce modèle place la barre un peu plus haut en étant étanche aux projections d’eau, poussière etc. Cela suppose donc des joints dans toutes les trappes et boutons, et surtout aucun jeu dans les pièces. Ceux qui ont un Canon dont la trappe de carte mémoire prend du jeu avec le temps, même si elle ne s’ouvre pas d’elle-même, comprendront ce que je veux dire ! Le boîtier est robuste, les grips au niveau de la poignée sont de bonne qualité. Je n’ai pas testé le système antipoussière, n’étant pas du genre à jeter des saletés dans la chambre réflex « juste pour voir », mais le système Olympus est reconnu comme étant le système le plus efficace du marché. Les baroudeurs seront donc comblés !

Sur le dessus, Olympus a conservé un écran LCD monochrome sur lequel s’inscrivent la plupart des réglages. Mini regret, la sensibilité n’y est pas rappelée en permanence, alors que Nikon et Canon ont fini par céder aux doléances de leurs utilisateurs. Le viseur en revanche affiche bien ce paramètre. L’afficheur LCD peut être rétroéclairé en vert, mais ce dernier est un peu trop sombre à mon goût. Autour de cet écran, on trouve des touches de réglage, dont une entièrement dédiée aux ISO, ce qui est très pratique. A gauche du viseur et au niveau du pouce, d’autres touches permettent de modifier les principaux paramètres du boîtier : mode AF et collimateurs, balance des blancs, mode programme etc, flash etc… Cet appareil propose des réglages pléthoriques, au point qu’il est parfois possible de s’y perdre (le mode AF M C est-il meilleur que le mode AF ?...). Bref, avec le temps, l’utilisateur apprendra à dompter la bête et la régler aux petits oignons, mais cela passera par une phase d’expérimentation… durant laquelle les réglages par défaut font très bien l’affaire, que l’on se rassure !

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En combinant longue focale et placement près du sujet, on parvient à limiter la profondeur de champ, malgré l'ouverture limitée à f/4 et le petit capteur - 250 ISO
Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Olympus semble avoir voulu « en donner beaucoup pour son argent », ce qui se retrouve sur la plupart des aspects, au point peut-être d’en faire trop parfois. L’écran arrière, entièrement articulé, est doté d’un capteur de luminosité qui s’adapte aux conditions lumineuses ambiantes. Il semble être de type transflectif, car même lorsque le rétroéclairage s’éteint, il reste (un peu) lisible en plein jour. Associé au mode Live View qui dispose d’une touche rien qu’à lui, cet écran est donc censé ravir les photographes à la recherche d’angles insolites. Personnellement, je me suis amusé avec les 2 premiers jours, avant de le laisser où il est. Il faut dire que le Live View ne m’a toujours pas convaincu, la nécessité de remonter le miroir pour faire le point rendant l’ensemble du système assez lymphatique. On peut détourner l’usage du pivot pour protéger l’écran si celui-ci vient contre le boitier. Néanmoins, à tout prendre, je préfèrerais qu’Olympus – et les autres ! – fassent plutôt un grand écran non pivotant mais doté d’un revêtement saphir inrayable, ce qui serait nettement plus utile et éviterait de s’encombrer de films de protections.

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L'écran articulé est séduisant sur le papier, mais le Live View ne m'ayant toujours pas convaincu, ce n'est pas un argument décisif

L’étude ergonomique, après quelques semaines d’usage, est agréable, notamment avec le système de double molette (une devant le déclencheur, une au niveau du pouce). En revanche, je trouve le pad directionnel assez désagréable (je préfère personnellement un gros disque avec un bouton au milieu, comme chez Nikon avec le D3, que 4 petits boutons peu confortables qu’il faut bien viser pour ne pas appuyer sur le mauvais). Les boutons accessibles depuis le pouce sont un peu espacés à mon goût, mais peut-être est-ce mon habitude de Canon qui me pousse à ce constat : choix des collimateurs AF, touche perso, mémorisation d’exposition. Ce dernier agit étrangement pour un Canoniste, puisqu’il faut le maintenir appuyer pour conserver l’exposition, mais une fonction personnalisé doit régler cela – quand je vous dis que les réglages et personnalisations sont nombreux !

Un dernier point sur l’extérieur, avec les menus. Par défaut, l’appareil rappelle tous les réglages sur son écran arrière, et l’on peut les modifier directement avec le pavé directionnel en se déplaçant sur la case qui nous intéresse plutôt qu’en appuyant sur la touche de fonction dédiée. Très pratique, Canon ferait bien de l’implémenter sur un nouveau firmware de son 40D, qui se contente de rappeler les réglages et nécessite l’appui de la bonne touche pour changer un paramètre. Heureusement, le futur 450D semble mieux servi de ce côté-là. En revanche, j’ai deux reproches à faire aux menus. A l’époque du « Web 2 » et des systèmes tout en transparence et subtilité, celui-ci, bien que très efficace et contrasté, est franchement moche ! C’est un peu le Windows 95 des réflex, le design soviétique si vous préférez J. Deuxième petit défaut, Olympus a mélangé dans les libellés certains menus en toutes lettres, et d’autres identifiés par des pictogrammes. Ces derniers n’ont rien de standards établis, et peuvent induire l’utilisateur en erreur ! Exemple : le réglage de la qualité JPeg / RAW ressemble à un petit losange… Mettez-nous des textes partout, si possible pas mal traduits, cela aura le mérite d’être compréhensible du premier coup d’œil !

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Les modes de lecture sont nombreux... presque un peu trop!

A l’usage

Les réglages de l’autofocus sont pléthoriques et bien vus. Disposant de 11 collimateurs, tous en croix, il est très rapide et précis. On peut, au choix, laisser l’appareil choisir le collimateur, en choisir un soi-même avec le pad directionnel, ou enfin choisir des zones constituées d’un collimateur central et de l’ensemble des collimateurs adjacents. On a également le choix entre un autofocus simple ou continu, avec ou sans retouche du point. A l’usage, j’ai juste noté une faiblesse en faible lumière, où il devient un peu plus hésitant.

Si vous avez déjà vu un diagramme représentant les différents capteurs numérique du marché, vous aurez remarqué que les traditionnels capteurs APS-C qui équipent la majorité des réflex sont gigantesques en comparaison des compacts… mais également des capteurs FourThirds, qui sont assez petits. Si l’on se contente de faire un viseur qui reprend une image de la taille du capteur, celle-ci apparaîtra donc étriquée. Olympus a résolu le problème sur le E-3 en le dotant d’un viseur à fort grossissement, et qui couvre 100% du champ. La solution est coûteuse mais en valait la peine : le viseur est vraiment très agréable, aidé par un œilleton bien dessiné et un bon dégagement oculaire. On est au niveau des ténors du marché, et l’appareil n’a pas à rougir des 40D, D300 et autres. La visée 100% est un point qu’il partage avec bien peu d’acteurs souvent positionnés plus haut de gamme et plus chers. Bref, ici, c’est un sans faute.

A l’usage donc, le boîtier est très rassurant et agréable. Reste à voir ce que donnent les images…

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Un petit filé dans les rues de Paris. 200 ISO, 1/8 seconde
Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Un capteur dompté !

Le choix d’un capteur 4/3 de petite taille a plusieurs implications pour Olympus et l’utilisateur :

· Comparativement aux capteurs APS-C ou « full frame » (24x36), il est plus difficile pour Olympus de maintenir un niveau de bruit faible tout en conservant les détails en haute sensibilité. Pourtant, après un E-1 très moyen, Olympus a mis les bouchées doubles, et le E-3 délivre des résultats franchement étonnants ! Jusqu’à 800 ISO, il fait jeu égal avec un Canon 40D et ses concurrents. A 1600 ISO, il passe un peu en retrait, mais le rendu en lui-même n’est pas désagréable et ne se fait pas au prix d’un trop fort lissage. Les 3200 ISO restent cependant à utiliser de manière exceptionnelle.
Si le E-3 produit donc des images très propres, dont on peut par ailleurs personnaliser le niveau de lissage du bruit, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la viabilité du système à long terme. Arriveront-ils à proposer 15 MPixels dans un futur proche, non pas parce que le besoin est réel, mais pour « rester dans la course » ? A voir, souhaitons que oui.

· Le format 4/3 a ses adeptes et détracteurs. Bien entendu, il est possible de recadrer les photos, avec quelques pixels en moins au passage, mais cela n’est pas un problème jusqu’en A4/A3 sur un capteur aussi défini.

· La petite taille du capteur s’accompagne d’une profondeur de champ étendue. Les adeptes de portraits aux beaux fonds flous devront donc prendre des focales très lumineuses pour y parvenir.

· Les focales sont par ailleurs multipliées par 2. Les reporters animaliers ou photographes sportifs seront donc ravis, d’autant que les zooms proposés sont souvent lumineux et d’encombrement plus faibles que leurs homologues 24x36. La cadence de 5 images par seconde est dans la bonne moyenne, même si Canon et Nikon font désormais un peu mieux en milieu de gamme.

· La dynamique est très légèrement en retrait, les petits photosites saturant plus vite dans les hautes lumières. Olympus a en revanche intégré le débouchage automatique des images, qui permet d’obtenir des JPegs prêts à l’emploi. Par ailleurs, les modes de lecteurs très complets (trop là aussi !) permettent de vérifier les hautes lumières, et, chose plus rare, les ombres.

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Après chantons sous la pluie... photographions sous la pluie! Le E-3 ne craint rien, les photos en milieu humide vont devenir une partie de plaisir! - 100 ISO
Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Je termine ce test par mon vrai coup de cœur : la stabilisation intégrée au boîtier est tout bonnement exceptionnelle ! Moi qui n’avais jamais testé le système, je suis conquis, et je peux confirmer que les gains revendiqués par Olympus sont réels. S’approcher de la seconde en pose lente, avec un télé équivalent à 100 mm est tout à fait envisageable, au point de laisser l’encombrant trépied chez soi une fois que l’on a découvert le système. J’en viens à regarder la gamme d’objectifs stabilisés de Canon et à me dire que l’intégrer directement au capteur a l’avantage de stabiliser TOUT le parc optique, et à moindre frais. Ce seul point aurait suffit à me convaincre, et le E-3 a d’autres arguments en poche !

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S'il y a bien une chose que je retiens du E-3, c'est sa stabilisation vraiment géniale!
Photo prise au place Saint Honoré, Paris, 625 ISO f/4 1/125s

Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Ce que j’en pense

L’Olympus E-3 est un vrai beau boîtier, du niveau de la concurrence côté images, tout en proposant des solutions inédites à ce niveau de prix, dont une très belle qualité de fabrication tropicalisée. La stabilisation est tout simplement géniale et vraiment pratique au quotidien. En un millier d'image, je n'en ai eu quasiment aucune floue! Ceux qui feront l’effort d’investir dans de belles optiques auront le plaisir d’en tirer le meilleur. Un reportage à Madagascar dans un récent numéro papier du Monde de la Photo mettait bien en avant la qualité des images qu’il est possible d’obtenir, de la macro au télé.

Olympus parviendra-t-elle pour autant à convaincre les utilisateurs déjà équipés de changer de marque ? Peut-être pas tout de suite, d’autant que la concurrence progresse chaque jour elle aussi. Mais si le E-3 préfigure une vraie lignée d’appareils qualitatifs, alors le système FourThirds sera devenu une vraie alternative crédible.

Personnellement, j’imagine bien un équipement composé d’un E-3 et d’optiques très lumineuses pour les travaux poussés, et d’un E420 et son objectif pancake pour avoir un appareil compact et qualitatif toujours sous la main…

Jean-François Vincent (www.club104.net)

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Coucher de soleil en Auvergne, 400 ISO
Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Test: Olympus E-3, précisions complémentaires

Reflex E-420, excellence et savoir-faire OLYMPUS