Avec le G9, Canon renouvelle un boîtier apprécié des photographes à la recherche d'un appareil compact mais débrayable, qui autorise une belle créativité. A ma connaissance, Canon reste, avec Ricoh, le seul constructeur à produire ce type d'appareils, à mi chemin entre le compact bijou mais limité, et le "bridge superzoom" dont on vante avant tout le rapport multiplicateur.
Alors, est-ce le compact expert qui sera prêt à vous accompagner lorsqu'un réflex s'avère trop lourd?
Un fiche technique alléchante
Le Canon G9 apparaît comme la synthèse des technologies maison disponibles aujourd'hui. Dans un boîtier très compact - pour un possesseur de réflex s'entend, car les personnes qui l'ont aperçu n'ont pas manqué de me dire que l'appareil est gros au regard des "canons" actuels - la marque nippone a réuni un zoom de forte amplitude stabilisé, un grand écran directement emprunté au 1D MkIII, un capteur 12 MPix, et une ergonomie à mi chemin entre les Ixus et EOS:
- Capteur 1/1,7" 12 MPix associé à un processeur Digic III
- Sensibilité 80 à 1600 ISO + mode Auto et mode Auto "Hi"
- Zoom équivalent 35-210 mm f2,8-4,4 avec stabilisateur optique
- Filtre gris neutre intégré (activable via menu)
- Modes Auto, Scènes, Programme, Priorité Vitesse, Priorité Ouverture, Manuel + 2 modes personnalisés
- Ecran LCD 3" de 230 000 pixels (320x240 pixels)
- Prise Flash
- Stockage sur cartes SD
- Dimensions 107 x 72 x 43 mm
- Poids d'environ 360 g
- Prix: environ 450 Euros
La présence de modes manuels, d'un filtre gris neutre en cas de forte luminosité, ou encore les réglages pléthoriques en font un appareil très personnalisable, et qui permettra à son utilisateur de réellement progresser en photo, ce qui est loin d'être le cas des compacts.
Une ergonomie et une finition excellentes
La première chose qui frappe, c'est la densité de l'appareil et le choix des matières: la construction rassure, et les boutons, sans être trop nombreux, proposent un accès rapide aux fonctions essentielles.
Parmi les excellentes idées, on note un barillet pour choisir le mode d'exposition (scène, tout auto, programme, priorité vitesse etc...), mais également un second barillet, sur la gauche, pour choisir la sensibilité du capteur. De même, Canon a rajouté, atour du pad multidirectionnel, une roue qui permet des réglages rapides (cf. photo ci-dessus): ouverture, correction d'exposition, ou autre en fonction du bouton pressé. Le pad en revanche est un peu inconfortable du fait de sa forme concave, mais rien de grave.
En mode prise de vue, certains réglages sont directement accessibles: mémorisation d'exposition, choix du mode AF (très complet, à plage large ou non, à détection de visages etc.), correction d'exposition, activation du flash, de la mise au point manuelle, de la cadence et enfin du mode macro.
Les autres réglages "de base" sont, dans la tradition des Ixus, accessibles via la touche Func. On y trouve par exemple la balance des blancs, la taille des images, la correction d'exposition du flash ou encore le fameux filtre gris neutre.
Enfin, les réglages pointus mais plus rares se font par le menu, tel par exemple le dosage du flash et le choix de la synchro en premier ou second rideau, l'activation du stabilisateur d'image, ou le réducteur d'yeux rouges.
L'écran pour sa part n'est certes pas orientable, contrairement à ses prédécesseurs, mais son excellente lisibilité angulaire permet les cadrages les plus accrobatiques. La visée est tellement agréable qu'à aucun moment je n'ai eu envie de mettre l'oeil dans le viseur optique, par ailleurs symbolique. Un histogramme et une grille peuvent s'afficher en surimpression pour faciliter la composition.
La visée stabilisée est un vrai plus, surtout aux longues focales.
Enfin, le flash est beaucoup trop puissant par défaut, et provoque le désagréable effet "fromage blanc" qui touche la plupart des appareils. Heureusement, les multiples débrayages offerts permettent de sauver la mise. Pour ma part, je suis passé en priorité vitesse (de l'ordre de 1/20ème de seconde) pour avoir des arrières plans bien éclairés, aidé par le stabilisateur optique qui permettait des poses plus longues. J'ai également appliqué une compensation d'exposition du flash (-1/3 à -2/3 d'IL). Les résultats obtenus sont alors convaincants, mais le flou de bougé risque d'être plus présent.
Des images satisfaisantes
La presse spécialisée n'a pas hésité à vanter les qualités de l'appareil en hautes sensibilités. Pourtant, le petit capteur 12 MPixels me faisait craindre le pire. Dans la pratique, le bruit est bien maîtrisé jusqu'à 400 ISO. Les détails commencent à disparaître à 800 ISO, mais si comme moi vous affectionnez les prises de vue sans flash, cette sensibilité est tout à fait exploitable. Le mode 1600 ISO, pour sa part, fait apparaître un fort bruit chromatique (pixels de couleur): à réserver aux sauvetages! Dans tous les cas, il faut garder à l'esprit que l'on est bien loin des performances des réflex.
Les 12 MPixels autoriseront de forts agrandissements ou recadrages, mais la lattitude de post traitement possible sera restreinte par la quantité de bruit présente sur les images. Heureusement, un mode Raw permettra de pousser les corrections un peu plus loin.
Ce que j'en pense
Le Canon G9 est un bien bel appareil qui pourrait tenter plus d'un passionné, ou toute personne désireuse de progresser en photographie, sans pour autant vouloir s'encombrer d'un réflex.
Son ergonomie, qui emprunte tout à la fois aux EOS et IXUS de la marque, est vraiment très agréable au quotidien.
Pourtant, l'appareil n'est pas dénué de défauts: le zoom démarre un peu trop loin, à 35 mm. A tout choisir, je l'aurais préféré moins ambitieux (il affiche fièrement x6), mais démarrant à 24 mm.
Ma principale réserve vient peut-être de son prix. A 450 Euros "prix de la rue", je pense que ce bien bel objet "les vaut bien". Mais je n'arrive pas à oublier que pour à peine une centaine d'Euros en plus, on peut s'offrir un petit réflex premier prix, tel le très bon Olympus E410, qui délivrera des images encore meilleures.
En attendant que Canon ou une autre marque produise un compact vraiment expert, avec un capteur APS-C emprunté aux réflex, et une optique vraiment ouverte (pas comme l'arlésienne de Sigma), ce bridge constitue assurément l'offre la plus tentante du marché selon moi. Après les réflex, mais ça, vous l'aviez compris :-)
Jean-François Vincent
