A quoi reconnaît-on un bon appareil? Si le fait que l'on n'ait pas envie de le rendre en fin de période de test est un signe qui ne trompe pas, alors le Canon EOS 1D Mark III fait incontestablement partie de cette ligue: un produit hors normes, qui pousse un peu plus loin tous les standards auxquels nous sommes habitués sur les appareils de grande série.
Petite visite...
Prise en main
La première sensation est celle d'une contruction robuste, massive, à l'épreuve de toutes les situations. Les appareils de type EOS 40D ou 5D sont certes très bien contruits, mais ici, aucune concession, aucun jeu n'apparaît entre les pièces. Cette différence est particulièrement visible sur 3 points:
- La trappe mémoire, souvent décriée par les magazines photo pour les séries x0D et 5D, est ici parfaitement ajustée, étanche, et actionnée par un loquet. Elle ne m'a certes jamais posé de problème sur ces appareils, mais son aspect un peu toc avait toujours juré avec le reste. Pas sur le 1D!
Le Canon 1D MkIII supporte, comme ses prédécesseurs, 2 cartes mémoires simultanément, l'une au format Compact Flash, l'autre au format SD. L'utilisateur peut librement configurer la façon dont elles se comportent (par exemple, l'une peut prendre le relais de l'autre, ou bien on peut stocker des Raw sur la première, et des jpeg sur la seconde).En revanche, à l'heure où Nikon propose sur son futur D3 un double slot Compact Flash, on peut regretter le choix de Canon qui oblige le photographe à avoir 2 types de cartes dans son fourre-tout. A moins que certains reporters sur le terrain n'envoient par la poste des petites SD?
- Le boîtier est entièrement tropicalisé avec des joints disposés sur toutes les trappes et les boutons. Si cela n'est d'aucune utilité pour de la photo urbaine, ce type de finition prend tout son sens dans des environnements plus humides ou poussiéreux. J'en ai fait l'expérience au Cambodge, pays où la terre rouge, très fine et en suspension dans l'atmosphère, parvenait à se glisser dans la trappe mémoire et batterie de mon 5D. Avec le 1D, l'étanchéité combinée avec un système antipoussière très efficace sur le capteur évite bien des problèmes.
- L'ajout d'une poignée verticale dans un design monobloc rend la prise en main très agréable. Pour ceux qui utilisent un 40D, 5D ou autre avec son grip optionnel, on gagne ici en confort car la poignée verticale est moins carrée que sur ces derniers. De plus, la rigidité de l'ensemble est bien meilleure, et l'encombrement légèrement moindre, puisque tout est d'une seule pièce. Comme quoi le 1D n'est pas l'appareil le plus encombrant qui soit!
L'ergonomie est elle aussi globalement excellente. Canon a fait le choix de limiter le nombre de boutons présents sur le boîtier, et de suivre la logique "une touche = une fonction". Sur le capot à gauche, on retrouve la sélection du mode (auto, priorité vitesse, priorité ouverture, manuel et pose B), le choix de la mesure de lumière, le bracketing et le mode d'AF (vue par vue, retardateur ou rafale jusqu'à 10 images par seconde!).
Sur la partie droite, on trouve le réglage des ISO et un afficheur LCD monochrome qui reprend les réglages en cours, à l'exception du style d'image qui est relégué au second afficheur LCD faute de place. Toutes ces informations sont reprises dans le viseur particulièrement complet et agréable. Il offre un dégagement très important qui évite cette impression de "coller le nez sur le boîtier". De plus, les amoureux de cadrages au cordeau apprécieront qu'il soit 100%. Concrètement, en reportage, cela ne fait pas une grande différence dans le feu de l'action. En revanche, si l'on désire cadrer très précisément, on peut presque considérer que l'on gagne 1 Mpixel en recadrage par rapport à un viseur qui ne serait qu'à 95%.
Canon a en revanche fait une erreur ergonomique sur le joystick: s'il est très agréable à utiliser, et nécessaire pour le choix de certains collimateurs AF, il est en revanche placé de telle sorte qu'il est absolument inacsessible en cadrage vertical! Une erreur qui se répète depuis le 20D, et que Sony a contournée sur l'Alpha 700 en intégrant un second joystick sur la poignée verticale... Bref, portraitistes qui désirez sélectionner un collimateur sur l'oeil de votre modèle, préparez vous à jongler lors des cadrages verticaux.
C'est à des petits détails que l'on voit que l'on a affaire au vaisseau amiral de Canon. Un petit loquet situé sur l'oculaire permet de l'occulter pour les prises de vue de nuit: cela empêche les lumières parasites d'entrer. Bien plus pratique que le cache en caoutchouc fourni sur les autres modèles!
Au chapitre des reproches, on peut signaler que si Canon semble avoir gagné la bataille des poussières sur le capteur, ce n'est pas encore le cas au niveau du viseur. Si certaines s'inflitrent au niveau du prisme, elle sont quasi impossible à enlever ensuite, et obscurcicent la visée en conditions de forte luminosité. A quand une chambre réflex entièrement étanche?
De plus, alors que Nikon propose l'apparition d'un cadrillage dans le viseur grâce à des cellules LCD, chez Canon, il faut encore passer par le changement du verre de visée. A ce niveau de prix, c'est bien dommage.
Les menus ont eux aussi subi une cure de jouvence, en s'inspirant de ceux des 30D et 5D qui l'ont précédé. N'ayant pas connu le précédent 1D MkIIn, je ne peux juger de l'évolution, mais ces derniers sont en tout cas très bien faits. Il s'expriment sur un écran géant de 3", qui tend désormais à devenir la norme sur les nouveaux réflex. Bon point: celui-ci est très lumineux, beaucoup plus que sur le 5D. L'angle de vision est également très bon. En revanche, la définition, inchangée par rapport aux précédents écrans 2.5" déçoit un peu au premier allumage. Pourtant, même si on peut de fait moins bien juger de la bonne mise au point sur les vignettes par rapport aux Sony Alpha 700 et Nikon D3/D300, on se fait très vite à la taille de l'écran, très appréciable pour revoir et partager les photos.
Pour rester sur l'écran, Canon a enfin fait de sérieux progrès sur le mode de visionnage des photos. Elle peuvent être vues en plein écran, avec ou sans informations basiques (couple diaphragme - vitesse et compteur), ou bien au choix avec un histogramme en luminance ou RVB. Auparavant, l'image occupait alors une portion ridicule de l'écran, c'est désormais (un peu) moins le cas. En revanche, il est dommage que les réflex soient moins bons que les Ixus de la marque sur certains points! Si une photo est prise en mode portrait, on aimerait, en faisant basculer le boîtier à la verticale, que celle-ci se retourne à 90° pour occuper tout l'écran...
Premier bilan
Le Canon 1D Mark III est à n'en pas douter un superbe appareil. Les quelques reproches formulés jusqu'à présent n'entament en rien le plaisir que l'on prend à l'utiliser. Un second article, à paraître très bientôt, sera l'occasion de le tester sur le terrain. Car après tout, il est fait pour prendre des photos! Affaire à suivre...
Jean-François
